Nom : Zykov
Prénom : Son tout premier fut Piotr, il ne souhaite se souvenir de son second, vint ensuite Alexei, puis Lyov et, enfin, il répond aujourd'hui à celui de Roman. Ce fut son choix d'ajouter ses anciens prénoms à l’actuel, pour ne pas oublier qui il a été, tout comme ce fut sa décision d’émettre le second.
Âge : Il semble n’avoir que 24 ans, mais du fait de sa nature, notre protagoniste est en réalité âgé de 1903 ans, années cumulées au cours de ses cinq vies.
Date de naissance : Sa véritable date de naissance remonte à bien trop de siècles pour être retenue et avoir du sens à ce jour.
Situation familiale : Qu’il ait été Piotr, Sergeï, Alexei, Lyov ou Roman, notre personnage a toujours fini célibataire, peu habile pour rester au bras de quelqu’un. Détrompez-vous, cela ne le dérangerait pas, mais jamais il ne s’est réellement cru mériter ses partenaires.
Orientation sexuelle : Piotr et Alexei ne se sont pas réellement cherchés, l’hétérosexualité leur semblant être une évidence, mais l’était-elle vraiment ? Sergeï et Lyov étaient d'un différent parfait bien que tout reste flou à leur sujet, alors leur orientation respective reste encore à ce jour un mystère. Roman semble être parfaitement contraire à ceux qu'il a apparemment été. Plus complexe, plus torturé, il se cherche vraiment et il s’est découvert une bisexualité qui lui a beaucoup coûté, ce même s’il a fait son possible pour la dissimuler.
Particularités : Sa santé mentale défaillante peut être considérée comme une particularité… De ces cinq vies, voilà une nouveauté qui a éclos avec la nouvelle disparition de sa sœur, mais peut-être y avait-il été préparé au cours de sa seconde et quatrième existence...
Habitudes : S’isoler à lire des romans dans des langues diverses, s’étonnant lui-même de les comprendre. Se perdre dans le silence comme dans diverses mélodies qui ont bercé ses vies et dont l’évolution ne fait que l’enivrer de plus belle.
○ Contempler son reflet pour voir cet autre lui, cette part d’ombre qui le hante sans cesse, cette conscience qu’il ne sait s’il doit accepter ou non et qui semble le narguer d’un sourire narquois.
○ Tenter de rejoindre l’autre côté par tous les moyens possibles, quitte à s’user, se détruire, espérant l’y trouver. L’en sauver.
Groupe : Phénix – Créature Légendaire
Avatar : Anton Lisin
Anecdotes
Des anecdotes… Que choisir… Sur lesquelles s’arrêter… Pourquoi celles-ci… Ce devrait être d’une simplicité enfantine, de conter de petites histoires, d’apporter sourires ou intérêt par leur biais, de mettre en avant notre malheureux pionnier. Mais, que choisir lorsqu’il est certain que la plupart n’inspireront pas cette si chaleureuse esquisse ? Que faire lorsque cette obscure histoire ne présage rien de tout cela ? Lorsqu'ouvrir ce personnage torturé à vos regards avides et curieux ne pourrait faire que vous en éloigner davantage ? Il faut le comprendre, Roman a eu une vie si longue, ce ne sont pas les historiettes, les fables ou encore les faits qui lui ont fait défaut. Quelque rares ont su illuminer son existence, ses temps sur terre, peut-être faudrait-il se contenter de celles-ci. Mais ne serait-ce pas mentir ? Dissimuler ce qu’est et a réellement été notre ostrogoth ? Car, comme le font probablement deviner les contes et légendes slaves, nombres ont parsemé sa vie d’embûches, faisant trébucher cet enfant de feu, malmenant cet être faible et débile supposé être si majestueux, véhément et puissant. L’éreintant, lui qui ne s’avérait pas avoir été construit, modelé, ni même préparé pour lutter contre ces obstacles terribles de la vie qui semblaient s’opiniâtrer à encrasser son histoire de noirceur. Peut-être faudrait-il tout simplement toutes les taire, effacer ces anciennes existences, ces anciens lui, pour recommencer de nouveau, tourner une page blanche, propre, pure, immaculée... Idée puérile et naïve. Comment serait-ce possible ? Comment peut-on se rejeter soi-même ? Comment avancer si l’on refuse d’accepter celui qu’on a été, celui qu’on est, celui qu’on sera… Et notre garçon chétif l’a été. Naïf. Faible. Aveuglé. Et ce plus d’une fois, alors que ces souvenirs embrumaient son crâne, alors qu’il se rappelait de tout ou presque. Du principal peut-être… De ce, qu’il devait savoir. De ce qu’il devait se remémorer. Plus d’une fois, notre personnage a rêvé d’effacer, d’oublier, a refusé de croire qu’il avait été ainsi. Mais la vérité est éternelle gagnante. La vérité… Vous l’aurez. Le mensonge n’a pas sa place, il ne faut la lui laisser. Cinq vies, cinq vérités. Cela suffira. Pour l’instant.
○ La nuit avait déposé son manteau foncé sur le petit village slave, ce petit hameau nordique qui pouvait se vanter d’être proche des terres et des mers arctiques. Ce-dernier semblait endormi, apaisé, tranquille. Les étoiles illuminant cet élysée ténébreux à l’unisson avec cette lune ronde de laquelle s’émanait cette lumière pâle, refroidissant de plus belle l’air qui glaçait déjà le paysage tout en l’empêchant d’être entièrement enténébré, cette lumière opaque maintenant la vie tout en lui faisant prendre une teinte plus sinistre. Ce continent si gigantesque ne semblait savoir s’accorder les faveurs de cet astre flamboyant nommé cолей, cet astre que chaque habitant regardait brûler au-dessus d’eux sans jamais recevoir sa chaleur qui semblait si appréciable… Leurs prières n’avaient jamais changé son indifférence, alors ils s’étaient contentés de le regarder, rêvant de ressentir ce qui leur était prohibé. Néanmoins, il était une exception. Lui ne regardait pas le soleil. Lui, il était là, cet enfant aussi pâle que la neige qui couvrait depuis des mois le sol. Cet enfant aux yeux aussi pâles que le bleu azuré des mers gelées. Ce gnard au crin si obscur, en dissonance parfaite avec le teint laiteux de sa peau. Ce ребёнок qui passait pour aphasique tant sa discrétion et son silence impressionnaient depuis sa naissance. Lui, Piotr, qui attirait les regards tout comme il les faisait fuir, sans même le savoir, le vouloir, ni même ne serait-ce que s’expliquer la raison de telles réactions envers sa personne. Seule une parvenait à les lui faire toutes oublier, à l’aider à sourire, à vivre, à se croire normal.
До не слушают их. Я там. |Ne les écoute pas. Je suis là.|Ce soir-là était particulier. Ce soir-là, sans le savoir, elle l’a sauvé. Ce soir-là, sans le laisser paraître, sans même s’en rendre lui-même compte, il sombrait, les ténèbres profitaient de la faiblesse de son cœur et de son être pour l’utiliser comme véhicule. À le voir de la sorte, tous n’auraient envisagé qu’il n’était que cet enfant étrange qui était noyé dans ses songes. Mais cet enfant pleurait, cet enfant criait, cet enfant voyait le mal qu’il était dit de lui, les regards qui lui étaient accordés, et il ne supportait plus. Éreinté d’être aussi aisément attaquable, d’être déjà caduc alors qu’il n’avait qu’un chiffre à son âge. Elle seule l’a vu. Elle seule a su. Elle seule a réussi à réagir et à l’arracher des méandres de l’ombre qui pesait sur son être. Sur son petit frère.
Мне, Я тебя обожаю. |Moi, je t’aime.|Même le halo de lumière glacée des astres de la nuit ne parvint à ternir cette clarté et cet éclat splendides qui marquaient le sourire de Sirin. De sa grande sœur. Celle qu’il a toujours tant aimée. Elle l’a sauvé et ce n’était que le début.
Cette historiette peut vous sembler obsolète, inutile, décevante, pourtant, peut-être qu’un jour, vous parviendrez à découvrir l’importance qu’elle renferme, le sens qu’elle a, la chaleur qu’une telle scène apporte au cœur meurtri de Roman lorsqu’il se perd à se remémorer les souvenirs de ses vies écoulées…
○ Сирин… |Sirin… |La jeune femme restait immobile, comme si le moindre de ses gestes suffiraient à évaporer ce garçon qu’elle contemplait, une fois de plus. Elle avait eu tant de difficultés à le trouver de nouveau, ne cessant de fuir ou disparaître lorsqu’elle s’approchait enfin. Mais ce soir, alors que le ciel était dénudé d’astres, plongeant ce monde débile et cédant à la bêtise dans un froid coupant, ce soir-là qu’elle aimait d’ordinaire passer à ses côtés à le rassurer, elle lui faisait enfin face de nouveau, ses iris rougeâtres ne s’émouvant en aucune manière alors qu’ils détaillaient celui qui avait été son frère. Son jeune frère. Son Piotr. Tant de peine lui avait été donnée pour le retrouver, pour enfin être de nouveau à ses côtés, qu’ils soient réunis et que la fratrie puisse retrouver sa force, en vain. Piotr aurait aimé être avec elle depuis le début, dès leur réveil, mais ce n’était plus Piotr qui prenait les décisions, abaissé au rang de spectateur muet et frivole. C’était Lui désormais, et il n’avait laissé le choix à son captif. Pourtant, voilà qu’elle était là, l’aliéné la reconnaîtrait entre mille, les souvenirs de Piotr avaient suffi à l’en éloigner. Sirin était là. La menace qu’elle représentait planaient alors.
Пётр… Почему ? |Piotr… Pourquoi ? |
Меня зовут Сергей. Пётр умер. |Je m’appelle Sergeï. Piotr est mort. |Le garçon restait à l’écart, son regard vibrant de colère, de haine pour cette personne, cette jeune fille qui partageait son sang, ces souvenirs d’elle qui osaient éveiller de nouveau Piotr, l’enfant séquestré se battait et bravait les noirceurs qui avaient envahi son âme et son esprit pour revenir, la retrouver, vaincre et le faire disparaître.
Это ты виновата, Сирин. |Tout est de ta faute, Sirin. |Les flammes qui s’échappaient des paumes du garçon, réchauffées par la présence de sa sœur, changèrent de couleur, virant au bleu en quelques secondes. La violence des images que placardait Sergeï aux yeux de Piotr finissait de tuer ce personnage. Ouvrir ses yeux pour mieux le détruire. Mais tout ne serait pas parfait tant qu’elle serait là, à le fixer, devinant ce qu’il faisait, paniquant de voir son frère disparaître. Les larmes venant emplir son regard flamboyant de peur et de tristesse, ne parvenant à comprendre comment son frère avait pu laisser telle noirceur l’envahir. Son frère souffrait, malmené par ce monstre qui semblait avoir pris le contrôle, tiraillé, blessé, meurtri… Sirin le devinait, car bien que tout espoir semblât s’être évaporés, elle persistait à deviner le regard de son frère dans celui de cette bête. Les pleurs la gagnèrent, la peur la glaçant, sa voix chevrotant cette supplique pour récupérer son cher брат.
Oставь его ! |Laisse-le ! |
ты не придёшь за ним… |Viens le chercher… |Cette nuit, leurs flammes s’opposèrent, rougeoyantes contre bleuâtres. Les chaleureuses à l’encontre des glaciales. Ces dures et terrifiques nonobstant les douces et rassurantes. Cet affrontement si lourd en signification et en sentiment dura trois nuits et deux jours, nombre périrent de ce qui semblait être la naumachie de la création du monde ou de celle des enfers. En revanche, de cette lutte rien ne naquit, tout fut détruit, nos deux enfants de feu laissant sur le passage de leur querelle les atrocités de leurs pouvoirs et de leur guerre. Des villages en feu desquels s’échappaient des cris de souffrance et d’agonie, des pleurs, des prières, ne comprenant pas pourquoi leur Dieu qu’ils chérissaient tant, qu’ils ne cessaient de gâter avait choisi de les punir de cette tornade aux feux rouges et bleus, de leur envoyer ces deux anges flamboyant qui se querellaient et les détruisaient de la sorte…
Les corps se multipliaient sur leur chemin, carbonisés, laissant échapper cette fumée qui finissait d’assombrir le ciel, le chaos semblant s’être abattu sur l’endroit. Combien pleuraient de voir leur proche être rongé par ces feux, ne parvenant à les aider alors que leur chair et leurs os devenaient apparents, finissant d’intensifier leur supplice. Cette odeur écœurante avait envahi l’air, brûlant les gorges, les nez, les yeux, chacun pensait périr de cette catastrophe. Peut-être que cela aurait été préférable. Périr et rejoindre des terres meilleures, s’expier de ses pêchers et vivre à Ses côtés, plutôt que de survivre à ces horreurs et payer le prix de leurs affronts jusqu’à ce que la mort soit enclin à venir les délivrer des affres. Peu devinaient que leur malheur résultait non pas de leurs erreurs, mais du conflit entre ces deux oiseaux de feu, les maudissant d’un regard lourd de haine. Autrefois ils les vénéraient, ils contaient leurs légendes avec joie et hâte, un certain plaisir de vanter la bonté et la gentillesse des oiseaux de feu Nordique. Mais ils avaient changé, l’un n’était plus aussi chaleureux, et il attisa la haine de ces croyants. De nouvelles légendes naquirent de ces jours catastrophiques, de nouveaux contes, abaissant l’oiseau au profit de l’oiselle. Ne sachant pas qu’ainsi, ils finissaient de détruire Piotr pour renforcer Sergeï…
Я вернусь, Пётр. |Je reviendrai, Piotr. |Eut-elle simplement la force de chuchoter, pestant contre elle-même de ne parvenir à surpasser la haine de ce monstre. L’espoir semblait avoir quitté la jeune femme alors qu’elle détournait le regard de celui qu’elle avait toujours tant chéri. Elle réalisait et c’était un feu bien plus destructeur qui la hantait alors. Mais une pointe d’aspiration la réchauffa alors qu’elle l’entendit chuchoter de cette voix bien plus fluette et douce qu’elle lui connaissait :
Я буду ждать тебя всю жизнь, моя сестра… |Je t’attendrai toute ma vie, ma sœur…|○ La bicoque était à l’écart de la cité de Москва́, petite demeure de chanvre qui avait appartenue à l’un de ses anciens amants. Il la lui avait offerte, par amour, elle s’en était approprié par pingrerie. Lui ne l’avait jamais vraiment intéressé, n’ayant que très peu été émoustillée par la mort de celui-ci, faisant comme toujours, pleurant pour s’attirer des attentions avant de poursuivre sa vie. Mais cette demeure, elle l’avait gardée, endroit parfait pour ne pas attirer les regards, pour qu’il puisse continuer de venir la voir. Lui… Aлексей…
Leur rencontre remontait à des années, mais ce n’était pas de cela qu’elle se souvenait en pensant à lui. Plutôt de cette découverte qu’elle avait faite, découverte qui attisa de plus belle son appétence et sa malice. La beauté est souvent externe, rarement interne… Elle s’en rendait compte désormais. Elle n’a jamais été une bonne personne. Elle lui a fait tant de mal, s’est servie de lui à maintes reprises. Usant de cette attraction qu’elle avait sur lui, de cette attirance qu’il ressentait pour elle, l’exploitant au mieux pour obtenir ce qu’elle désirait. Elle aspirait à tout avoir, à ce que rien ne lui soit refusé, à ce que tout le monde l’aime et l’envie. Mais aujourd’hui, qu’avait-elle réellement ? Qui était à son chevet ? Qu’est-ce qui lui restait ? Rien. Elle était seule. Seul lui était resté. Lui qu’elle n’avait jamais vraiment aimé, qui l’avait toujours un peu effrayée voire lassée. Lui qu’elle voyait comme l’un de ses assujettis seulement… Elle l’avait illusionné et voilà que désormais, la culpabilité la rongeait…
Pourquoi diable persistait-il à venir la voir ? Combien de fois avait-elle prié pour qu’il mène sa vie, qu’il prenne son envol ? Que cet oiseau flamboyant, qu’elle avait enfermé dans une cage de caresses et de douceurs, soit enfin libéré de sa prétention et de son orgueil qui l’avaient que trop restreint et abîmé… Car elle avait été fière de l’utiliser de la sorte et de le faire craquer sous son charme. Quelle enfant puérile et vaniteuse elle avait été… Voilà que la sagesse de l’âge la faisait regretter, lui creusant le cœur, la forçant à voir ce cœur sombre et vil qu’elle avait. Elle n’osait même plus croiser son reflet, sa beauté n’était plus, flétrissant avec le temps, elle ne le supportait de le voir, de le sentir, c’est ainsi que tous s’étaient éloignés d’elle, tous ceux qu’elle avait manipulés selon ses désirs et envies, la découvrant pour ce qu’elle était réellement, une enveloppe magnifique renfermant pestilence elle-même. Tous l’évitaient, eux qui détournaient autrefois leurs regards vers elle sans exception, vers cette beauté digne de celle accordée aux anges ou déesses. Aujourd’hui, elle savait qu’il avait été mal d’en user de la sorte, de devenir mauvaise par son biais et pourtant, cette beauté lui manquait…
Ѣлена… |Yelena… |Elle peina à se retourner, ses couvertures étaient mêlées au-dessus d’elle pour la protéger de la morsure du froid et du gel, son corps dans sa totalité la faisait souffrir désormais. Elle n’était plus la jeune demoiselle pleine de vie à laquelle ce prénom se rattachait. Elle n’aimait plus entendre ce prénom, pourtant lorsqu’il entra dans la cabane de chanvre en l’appelant de la sorte, elle n’eut la force de lutter ou d’exprimer son mécontentement. Le fixant, lui, son oiseau de feu, son moineau qu’elle n’avait que trop emprisonné. Pourquoi continuait-il de venir ? Cette question restait… Lui qui était toujours aussi beau, lui dont les traits n’avaient en aucun cas été marqués par la vieillesse, et ce, malgré la cinquantaine d’années qui les distançait de leur première rencontre. Ses cheveux étaient toujours aussi ébènes tandis que les siens avaient virés à l’argent, sa peau était toujours aussi lisse alors que la sienne était marquée de rides tassant ses traits, il semblait toujours si souple et agile, elle ne parvenait même pas à se mouvoir. Il n’y avait plus rien à aimer en elle. Alors pourquoi ?
… Почему Aлексей ? |Pourquoi Alexei ? |Il s’était avancé à son chevet, s’asseyant, glissant ses doigts si longs et doux, parfaits dans les siens qui peinaient à se refermer, à se serrer, ce simple contact la réchauffa tout en lui donnant les larmes aux yeux.
Я… Я никогда не любил вас… |Je… Je ne t’ai jamais aimé… |
Я знаю… |Je sais… |
Tогда почему ? |Alors pourquoi ? |La fatigue et l’abjection qu’elle ressentait pour la hideuse personne qu’elle était, mouillaient ses yeux pâles. Elle savait que la vie la quitterait bientôt, cela faisait un temps qu’il aurait pu partir vers d’autres femmes, qu’il aurait pu conquérir d’autres cœurs qui le méritaient réellement plutôt que de gâcher son éternité aux côtés d’une vielle femme qui avait toujours été si mauvaise. Elle n’entendait pas pourquoi il persistait et cela continuait de la tuer. Pourtant, elle rêvait de savoir avant de quitter ce monde… Il le savait… Alors, Alexei lui expliqua d’une simple phrase, déposant une ultime fois ses lèvres sur les siennes, faisant de plus belle couler les larmes de Yelena, lui adressant un sourire transcrivant ses sentiments inchangés :
Tы не любишь себя. Я люблю вас на вашем месте. |Tu ne t’aimes pas. Je t’aime à ta place. |Elle pleura de plus belle, mais c’est un sourire qui vint tirer ses lèvres, un sourire qu’elle ne s’était jamais connu. Un sourire heureux.
○ Sachez-le, Chers lecteurs, la vie de Lyov peut être considérée comme l’une des plus complexes et âpres des cinq connues à ce jour. Certes, elle n’a pas été la seule, Sergeï et Roman pouvant concurrencer et clamer de même ce triste titre, mais celle de notre bélître de Lyov reste et restera certainement la pire de toutes. Au moins Sergeï le voulait, il savait où il allait, il prenait les décisions et les acceptait, aussi dures, terribles et dénuées d’humanité qu’elles aient été, Lyov n’a eu que peu de choix, tout comme notre Roman… Or, concernant ce-dernier, sa vie n’en est qu’à ses jeunes années alors comment comparer une vingtaine d’années à des siècles épineux de supplices et de désolation semblant s’être déroulés au sein de la géhenne elle-même. Lyov avait été martyre soumit à un bésef infini de calvaire. Jamais autant il n’a regretté sa nature, sa pérennité et la déification qu’autrui osait apposer sur nos très chers oiseaux de feu. Cette anecdote, je vous en informe, sera loin d’être joyeuse et simple. La dureté de la vie de Lyov y sera contée, la sensibilité n’y a pas sa place, la douceur n’en a jamais eu dans l’existence de Lyov. Vous êtes prévenus, osez lire ou passez cette historiette sans y adresser un coup d’œil.
Ils étaient là, elle et lui, lynchés en face de notre personnage, des crochets acérés perçant la peau et la chair de leurs mains, la pression de leur corps ayant intensifié le trou béant que le fer rouillé avait engendré. Ils avaient hurlé, elle d’abord, Sirin… Elle s’était battue pour ne laisser le moindre son s’extirper de sa gorge, sachant que cela ne pousserait son frère qu’à céder de plus belle, mais il ne devait pas. Pourtant, malgré sa détermination, bientôt la douleur fut si vive et si intense, parcourant son corps entier comme si son sang était composé de mille aiguilles acérées, qu’elle ne pouvait résister plus longtemps. Sirin finit par céder, hurlant de détresse, de douleur, ce cri crève-cœur venant ricocher contre les murs de pierre aux mille incantations et symboles dédiés à faire prisonniers ces si précieux phénix. Mais, lui n’était pas phénix… Il n’était que Radimir… Pourtant, lui aussi pendait là, tentant de rassurer son tendre ami d’un sourire, d’oublier la douleur, la peine, la peur, de se focaliser sur lui seul et rien d’autre pour ne pas leur abdiquer, pour rester fort. Mais ils l’étaient plus que lui, au grand regret de tous… Alors, ce fut à son tour de hurler en écho à Sirin, alors que ces monstres les pendaient tel du bétail à ces poutres ébène qui plafonnaient cette cave.
Lyov était là, face à eux, des clous de la taille d’un majeur masculin venant le placarder à cette planche de bois dur, rougie par son sang qui persistait à couler et sa chair arrachée par ces sadiques qui se plaisaient à entendre les sons macabres qu’elle faisait en se déchirant de son corps pâlissant à vue d’œil et à ses os qui cherchaient à s’y accrocher malgré tout. Ces clous écaillés perçant les tissus de sa peau claire, ses muscles et ses os, trouant ses paumes, ses épaules ainsi que ses chevilles. D’autres avaient été cloués, de-ci de-là de son corps, sans pour autant atteindre la large planche contre laquelle il se trouvait plaqué, le seul et unique but étant de le faire peiner, de le faire souffrir, qu’il ressente leur présence au moindre souffle, au moindre battement de son palpitant, à quelque mouvement qu’il oserait effectuer. Beaucoup auraient lâché prise, auraient cédé, ne supportant pas la douleur ni même celle ressentie par leur proche face à eux. C’est pourquoi les oppresseurs avaient fait de tel, persuadés qu’ainsi, Lyov céderait au plus vite. Grossière erreur de le prendre pour si faible et peu réfléchi. Car Lyov était toujours conscient, il continuait de subir, il persistait à jeter des coups d’œil à Sirin et Radimir pour s’inquiéter d’eux, mais ces regards qu’ils lui retournaient finissaient de le convaincre de tenir. Alors, Lyov se battait, aujourd’hui encore, c’est ce qu’il fait, ce fantôme dans son crâne l’encourageant à être fort, à ne pas leur donner ce qu’ils voulaient, car bien qu’il rêve de reprendre le contrôle, d’envahir de nouveau cet être trop lumineux qu’est Lyov de ses ténèbres, il reste qu’il n’a jamais supporté la défaite. Que ce soit la sienne ou celle de son véhicule envers une quelconque personne ou être de l’extérieur. Dans l’horreur de ces mois de tortures émergea quelque chose qui avait toujours semblé improbable aux yeux de notre enfant qui s’avérait moins fébrile qu’il ne paraissait, à l’étonnement de ses tortionnaires. Voilà qu’il était possible de s’allier à sa part d’ombre…
Сопротивляйтесь. Вместе, мы более сильнее чем они. |Résiste. Ensemble, nous sommes plus forts qu’eux. |N’avait cesse d’enhardir cette voix dans le crâne de notre pionnier. Cette voix qui semblait aussi sombre que celle qu’avait Sergeï autrefois. Peut-être était-ce réellement le fantôme de cette existence qui avait réussi, par une de ses nouvelles ruses, à survivre, à rester dans les tréfonds du crâne de notre précieux oisillon malgré les nouvelles personnalités que rencontrait notre phénix. L’entendre était presque rassurant à ce jour, pour dire à quel point ces geôliers se plaisaient à détruire notre protagoniste. Car ils n’usaient pas simplement de torture, si bien physique que mentale, sur ses deux faiblesses uniquement pour l’affecter lui, mais aussi sur eux, afin qu’ils le convainquent de cesser de lutter. Ils semblaient entièrement dénués de raison, tous autant qu’ils étaient, ces personnes formant cette secte macabre qui ne rêvaient que d’une chose, le vénérer tout en l’utilisant pour ce dont il avait été autrefois capable.
Encore une fois, aujourd’hui cette carogne vint en face de lui, cette femme à l’allure aussi grossière que grotesque, cette fille d’Eve dont la folie envahissait les expressions et le regard, cette horreur cachée derrière ce masque qui se brisait dès l’instant où elle croisait le regard de Lyov. Encore une fois, elle vint à ses côtés, ce sourire chaleureux, décrivant son obsession, écœurant tout en effrayant notre pauvre oisillon qu’elle privait de toutes libertés. Ce jour-là, elle vint ajouter à ces clous, qui le privaient lentement de ses forces, un carcan tacheté de rouille, dont le poids lui pesait autour du cou, le faisant s’affaisser un peu plus contre le bois, intensifiant ses abcès aux niveaux des pointes cloutées alors qu’il réprimait une plainte, un gémissement qui ne ferait que se repaître un peu plus cette fêlée. Fort heureusement pour notre protégé, elle était seule aujourd’hui, cela aurait été bien pire si ce pervers pernicieux, bestial et libidineux avait été à ses côtés, alors les forces de notre Lyov auraient été d’autant plus affectées, chaque empreinte, chaque trace souillée qu’il laissait sur le corps de plus en plus frêle et faible de notre précieux enfant étant pire que la moindre torture sadique qu’elle jouissait de lui faire subir. Au moins, lui, ne portait ces attentions psychopathes qu’au phénix, elle, elle aimait s’attaquer tout autant à lui qu’à ces précieux proches, son plaisir atteignant son apogée à chaque fois qu’elle parvenait à faire couler une larme des yeux azurés de son précieux moineau. Alors, elle la récoltait. Ce jour-là, elle espérait encore butiner bien des perles argentées de chagrin ou de haine, être repue de ces gouttelettes. Mais aujourd’hui allait être différent. Lyov, soutenu par cette voix stimulante, allait de plus belle résister, tenir tête. S’il avait seulement deviné, su, imaginé tout ce que cela aurait pu engendrer, alors, il aurait très certainement cédé…
Мы будем брать месть, мою птицу. |Nous nous vengerons, mon oiseau. |○ Рома́н… Сделай или я все расскажу ей. |Roman… Fais-le ou je lui dirai tout. |Encore cette menace, ce mauvais présage qui serrait le cœur de notre pauvre enfant. Il n’était toujours pas majeur, ses traits d’enfants se figeant alors qu’il la fixait, elle et ce qu’elle lui tendait, l’incitant à s’en saisir. Elle savait qu’il les craignait, elle comme lui, elle aimait cela, cette peur qu’il nourrissait depuis son plus jeune âge à leur égard, voyant cela comme une forme de respect alors que ce n’était que soumission. Elle avait ce sourire doux aux lèvres, ce sourire qu’elle déposait souvent sur lui, comme si elle regardait un petit ange qu’elle aidait à guérir, à suivre le bon chemin, car oui, elle se voyait telle une sainte. Son époux n’étant pas mieux, se croyant main et muscles des décisions divines, pensant tout savoir de ce qui était bon et à faire, se servant de son héritier comme d’un exemple, un fils qui ne pouvait avoir droit à l’erreur. Une statuette de cire qu’il se devait de modeler à la perfection pour présenter comme sacrifice à ce Dieux si étrange. Deux ascétiques… Voilà qu’il était élevé et séquestré par des fous qui n’avaient que faire de lui. Il en était persuadé, sinon pourquoi lui faire autant subir de maux ?
Roman. Maintenant.Sa douceur avait disparu bien que son sourire soit toujours présent. Ce trait froid et dur zébrant son visage glacé dans une expression malsaine. Elle n’usait plus du Russe, la langue de cet enfant et de son paternel, mais de l’anglais, preuve qu’elle ne rigolait pas, que sa constance ne durerait pas indéfiniment, qu’elle ne patienterait pas plus longtemps que les fois précédentes, devinant qu’il comprendrait de suite ce que ces simples mots et regard impliqueraient. Roman aurait peut-être dû savoir, s’y faire, se forger comme eux, après tout, ils en prenaient soin depuis sa naissance… Sa naissance… Plutôt sa renaissance… Car, elle n’était pas sa mère, il commençait tout juste à s’en rendre compte, alors que les souvenirs avaient commencé à lui embrumer le cerveau le jour de son douzième anniversaire, à moins que ce n’ait débuter avant... Elle n’était qu’un mensonge sans qu’il ne comprenne pourquoi. Ces souvenirs étranges et anciens l’en persuadant chaque jour un peu plus sans lui donner de réponses concrètes. Tels des voix qui se débattaient dans son crâne, chacune souhaitant raconter, avertir, expliquer plus fort et plus rapidement que l’autre, créant un brouhaha intenable qui ne faisait qu’effrayer notre pauvre Roman. Il les percevait depuis un certain temps, avant même que ne débute son adolescence, mais jamais il ne les avait entendues aussi distinctement et fort qu’à ce jour. Il n’en avait parlé qu’une fois à celle qu’il pensait encore être, à ce jour, sa mère. Il semblait lui avoir offert un présent des plus précieux, comme si c’était ce dont elle avait toujours attendu, des étoiles avaient empli ses yeux, des larmes même, et, telle une fanatique, elle avait posé mille et une questions, des mains tremblotantes s’approchant de celui qu’elle appelait :
Mоя прелесть… |Mon précieux…| Sans pour autant oser le toucher, comme si le moindre effleurement allait la brûler ou le faire s’évaporer. C’est alors qu’elle s’est mis à prier encore et encore Dieu, son Dieu innommé tant chéri, le remerciant encore et encore... De quoi ? Du fait que Roman perde la tête ? C’est à partir de cet instant que sa ‘mère’ lui a fait peur de plus belle. Car oui, notre enfant de feu a toujours éprouvé un effroi terrible à l’égard de ceux se clamant comme ses parents, de ceux s’étant occupés de lui depuis sa venue au monde. Ou plutôt de son retour… Disons qu’ils avaient pris soin de lui de la plus sadique et tordue des manières. Religieux ascétiques qui semblaient accorder leur existence à leurs folles croyances. Roman avait été plongé dedans sans réellement comprendre ce qu’ils vénéraient de la sorte, forcé à faire de même qu’eux risquant gros lorsqu’il s’y refusait. Puisqu’il avait tenté, à plusieurs reprises de s’y opposer, de ne pas adhérer à leur fanatisme dérangeant.
Roman. J’ai dit…
Я знаю, мать. |Je sais, mère. |Elle eut un sourire plus chaleureux, fier, lui caressant la joue, venant déposer un baiser d’une douceur extrême, maternel, sur son front alors que sa seconde main lui tendait le cilice, d’ordinaire un frisson le secouait lorsqu’elle l’embrassait de la sorte, lorsqu’elle le touchait, son corps sachant ce que les mains de cette femme pouvaient lui faire subir... Mais cette fois, il s’étonna à ne pas être pris de sursaut, étonnant même sa mère qui n’en fut que plus touchée, lâchant cette ceinture de fer dans la paume faible de son précieux enfant. Le cilice était suffisamment large pour entourer la cuisse de notre pauvre oiseau tourmenté… Combien de fois l’avait-il porté, chaque occurrence lui remémorant avec horreur la première fois qu’il y avait eu droit, à ces cris qu’il avait poussés, à comment il s’était débattu alors que son père le forçait, sourd aux suppliques de son père, tendant des mains implorantes vers sa mère qui s’était alors contentée de le bercer de caresses. Le frisson arriva alors, de même que les perles d’argent picotaient ses iris pâles. Il l’attrapa à regret, il détestait ça, ne comprenant pas pourquoi il se devait de faire cela. Pourquoi se mortifier pour leur croyance. Quel Dieu rêvait de voir ses précieux enfants se détruire de la sorte ? Idiot qu’il était… C’était tout simplement parce qu’il avait pêché, encore une fois, comme à chaque jour, il faisait toujours une erreur qui méritait la flagellation… Qu’il prenne garde ou non, qu’il essaie d’être parfait à leurs yeux, il suffisait d’un regard, d’un mot, d’un geste pour justifier qu’ils lui tendent ces instruments de torture religieux, pour lui faire faire pénitence ou alors que le père ou la mère se fasse une joie de l’expier eux-mêmes de ses pêchés.
Elle ne le lâcha pas du regard, Roman baissant le sien alors qu’il ôtait son jean toujours trop large pour ses jambes squelettiques, regardant ces marques à peine refermées de la dernière fois. Il leva un regard larmoyant vers sa mère, mais elle opina d’un signe de tête, le même sourire écœurant au visage.
прямо сейчас мой мальчик. |Tout de suite mon garçon. |Une larme coula suite au tintement du fer de la ceinture aux pics acérés, le forçant à fermer les yeux, se préparant à la morsure glacée et douloureuse de l’objet et des crocs contre sa peau fine et pâle. Il entoura sa cuisse, ses sourcils et ses yeux se fronçant toujours un peu plus de douleur alors qu’il fermait la lanière de cuir, tirant dessus lentement pour serrer de plus belle la large chaîne. Quelques larmes de douleur vinrent lui échapper, récupérées de l’index de sa mère qui vint les goûter avant de l’encourager :
громче мой мальчик. |Plus fort mon garçon. |Alors il inspirait longuement avant de couper sa respiration et de tirer de plus belle, tentant de chasser cette horrible douleur qui le faisait vaciller, qui le rendait faible, qui lui donnait envie de tomber.
Мы будем брать месть, мою птицу. |Nous nous vengerons, mon oiseau. |Ces paroles résonnèrent dans son crâne, chassant la douleur dans un coup de vent, faisant disparaître ses larmes soudainement, le laissant là, à continuer de serrer pour le plus grand plaisir de cette femme qui était que trop obsédée à contempler le sang de son fils couler de ses plaies, dessinant des chemins ensanglantés le long de sa jambe pour voir qu’il ne pleurait plus, qu’il arborait même un sourire en coin. Comme rassuré…