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 [UC 59%] Tel Jörmungand, j'ai vu le monde, l'ai exploré et parcouru continuellement, jusqu'à l'encercler et me mordre la queue.

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[UC 59%] Tel Jörmungand, j'ai vu le monde, l'ai exploré et parcouru continuellement, jusqu'à l'encercler et me mordre la queue. Empty
MessageSujet: [UC 59%] Tel Jörmungand, j'ai vu le monde, l'ai exploré et parcouru continuellement, jusqu'à l'encercler et me mordre la queue.   [UC 59%] Tel Jörmungand, j'ai vu le monde, l'ai exploré et parcouru continuellement, jusqu'à l'encercler et me mordre la queue. EmptyMar 4 Oct - 1:18


Lilja Svana

From the womb and through life, we're born and bred just to die. So may I live just a little longer ?


Nom : Svana
Prénom : Lilja
Âge : 909 exactement (même si la pauvre a arrêté de compter)
Date de naissance : 7 mars 1107
Situation familiale : Célibataire et sans enfant (frigide *pan*)
Orientation sexuelle : Pansexuelle
Particularités : Sens culinaire & artistique extrêmement développés
Habitudes : écrire ici ○ écrire ici ○ écrire ici
Groupe : Vampire
Avatar : Vicky Psarakis (The Agonist)

Anecdotes
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Caractère

At vero eos et accusamus et iusto odio dignissimos ducimus qui blanditiis praesentium voluptatum deleniti atque corrupti quos dolores et quas molestias excepturi sint occaecati cupiditate non provident, similique sunt in culpa qui officia deserunt mollitia animi, id est laborum et dolorum fuga. Et harum quidem rerum facilis est et expedita distinctio. Nam libero tempore, cum soluta nobis est eligendi optio cumque nihil impedit quo minus id quod maxime placeat facere possimus, omnis voluptas assumenda est, omnis dolor repellendus. Temporibus autem quibusdam et aut officiis debitis aut rerum necessitatibus saepe eveniet ut et voluptates repudiandae sint et molestiae non recusandae. Itaque earum rerum hic tenetur a sapiente delectus, ut aut reiciendis voluptatibus maiores alias consequatur aut perferendis doloribus asperiores repellat.At vero eos et accusamus et iusto odio dignissimos ducimus qui blanditiis praesentium voluptatum deleniti atque corrupti quos dolores et quas molestias excepturi sint occaecati cupiditate non provident, similique sunt in culpa qui officia deserunt mollitia animi, id est laborum et dolorum fuga. Et harum quidem rerum facilis est et expedita distinctio. Nam libero tempore, cum soluta nobis est eligendi optio cumque nihil impedit quo minus id quod maxime placeat facere possimus, omnis voluptas assumenda est, omnis dolor repellendus. Temporibus autem quibusdam et aut officiis debitis aut rerum necessitatibus saepe eveniet ut et voluptates repudiandae sint et molestiae non recusandae. Itaque earum rerum hic tenetur a sapiente delectus, ut aut reiciendis voluptatibus maiores alias consequatur aut perferendis doloribus asperiores repellat.

acidbrain




Derrière l'écran
Pseudo : Shirotsuki
Prénom : Who knows ?
Âge : 18 années de flemmardise
Pays : France
Code du règlement : Validé par Macéo.
Inventé ou scénario : Inventé
Commentaires : On m'a traîné de force ici. Maintenant, je veux de la viande pour rattraper le coup ! |:
acidbrain


Dernière édition par Lilja Svana le Mar 8 Nov - 10:47, édité 9 fois
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MessageSujet: Re: [UC 59%] Tel Jörmungand, j'ai vu le monde, l'ai exploré et parcouru continuellement, jusqu'à l'encercler et me mordre la queue.   [UC 59%] Tel Jörmungand, j'ai vu le monde, l'ai exploré et parcouru continuellement, jusqu'à l'encercler et me mordre la queue. EmptyMar 4 Oct - 1:19


Histoire



Ère 1 – Nous voilà contraints de remonter le temps d'un petit siècle, alors que le nouveau roi de Norvège, Ólafur Tryggvason, cherchait encore à convaincre les péninsules nordiques d'abandonner leurs croyances païennes et d'adopter le christianisme comme religion officielle. Convaincre ? Quelle blague de mauvais goût. Ce Tryggvason envoya des émissaires scandinaves et par dessous tout chrétiens au cœur de chaque contrée qui n'était pas encore convertie. La plupart des missions se solda par un échec cuisant. Ne supportant pas de voir leurs temples païens saccagés, les vikings de l'époque exilèrent à maintes reprises les messagers du roi, refusant par la même occasion l'adoption de la nouvelle religion.
Cela ne pouvait plus durer, selon l'homme de prestige. Il menaça l'intégralité des contrées, leur promettant un funeste destin si elles ne se ralliaient pas à sa cause. Des tensions naquirent, dans toutes les régions possibles et imaginables, même les plus reculées. L'Islande n'échappa pas à la règle et fut divisée entre ceux souhaitant devenir chrétiens et ceux préférant conserver le culte païen de leurs ancêtres. Face à cette division, les goði (a.k.a chefs de clan) se concertèrent et offrirent la décision finale à l'un d'entre eux, Þorgeir Þorkelsson. Ce dernier mit fin aux querelles internes en officialisant le christianisme mais en légalisant également les cultes païens dans le cadre du privé. Nous étions très exactement en l'an 1000. L'Islande est évangélisée. La culture viking s'éteint peu à peu, abandonnée par de plus en plus de clans.
Ce fut sans compter sur l'existence des Svana qui, chauvins au fond d'eux fidèles aux croyances de leurs ancêtres, ne cessèrent jamais de transmettre cette culture aujourd'hui mythologique aux générations suivantes, et cela jusqu'à ce que la dernière de cette lignée naisse. Lilja Svana, une petite tête blonde qu'on ne soupçonnait pas être la dernière de son clan. Tout allait pourtant très bien dans la famille, si ce n'est qu'un second héritier mourut à la naissance alors que notre protagoniste n'avait que quatre ans. Plus jamais la mère n'arriva à porter d'enfant après ça, ne laissant derrière elle qu'une seule et unique fille, seul espoir concret de transmettre le nom de la famille – et encore !
Lilja grandit dans un milieu certainement favorable, n'ayant connu aucune autre compagnie que celle de ses deux parents vieillissants, ceux-ci s'étant très tôt exilés dans la région de Vestfirðir (à l'extrême nord-ouest du pays). Ainsi menèrent-ils une existence on ne peut plus épicurienne et basée sur les préceptes des anciens temps et Dieux. On ne disait pas Dieu mais Odin, on ne disait pas Jésus mais Thor, on ne disait pas Lucifer mais Hel. Et le serpent autrefois tentateur dans ces livres étrangers ne représentait pour eux que Jörmungand, l'infini reptile qui encerclait Midgard en traversant l'intégralité des océans. La famille vécut ainsi, seule et isolée, hermétique à quelque autre culture que ce soit. Les affaires du pays n'intéressaient pas même le père, pourtant intime avec le Jarl de sa contrée il y a quelques années de cela. Seuls quelques rares visiteurs – la plupart du temps des chasseurs perdus – frappèrent à la porte du domicile familial qui n'était d'ailleurs qu'une simple maisonnette de bois, de paille et de terre, ce qui se révélait être assez pour tenir les hivers les plus rigoureux. C'est d'ailleurs durant l'un d'entre eux que tout – ou presque – bascula.

C'était justement une nuit d'hiver durant laquelle le blizzard sévissait. Des tas de neige se formaient sous les portes improvisées. Le vent se glissait entre les formes de bois. Ce fut une nuit durant laquelle le petit feu d'intérieur, malmené par le climat, peinait à survivre. Ce fut également la seule fois où Lilja se détacha de l'avis préconçu de ses parents, préférant de loin un village chaud, accueillant et vivant à une baraque de fortune dans laquelle l'ambiance était au point mort. Il y eût notamment quelques tensions entre la jeune fille – alors âgée de 13 ans – et son père, ce dernier souhaitant désespéramment défendre les valeurs familiales. Pouvait-on qualifier cela comme la première crise d'adolescence de Lilja ? Peut-être bien. Là n'est pas le plus important.
En cette nuit hivernale et particulièrement glaciale, deux événements particuliers se produisirent. Deux événements dans la même soirée. Il en fallait très peu pour penser qu'ils étaient liés.
Le premier fut l'échéance du père, ou plutôt le déclin progressif. Quelques heures après les disputes, le chef de famille contracta quelque chose d'inconnu. De nombreuses ampoules de couleur pourpre firent leur apparition sur le corps du quadragénaire, particulièrement sur les quatre membres moteurs. Les connaissances familiales en terme de médecine et/ou chirurgie étant au plus bas, personne ne put déterminer de quoi il s'agissait. Il était néanmoins impossible d'examiner le père en cette nuit, le climat se révélant bien trop cruel et meurtrier pour oser retirer ne serait-ce qu'une seule couche d'habits.
Le deuxième événement fut l'arrivée d'une nouvelle personne au beau milieu de la nuit, peu après que le père ait contracté cette étrange maladie. Ladite arrivée fut notable en raison du bruit qu'elle généra. Il y eût effectivement un bruit sourd, un gros impact sur la porte. On aurait pu penser qu'il s'agissait d'un ours perdu mais celui-ci aurait sans doute arraché la porte sans sommation, si jamais il s'intéressait au contenu intérieur de la baraque. Mais non. Pas un grognement, pas une porte arrachée, seulement ce bruit sourd qui fut suivi d'un frottement curieux. Voilà quelques sons que nous n'entendions pas tous les jours. Intriguée, Lilja ignora les avertissements de sa mère et leva le volet de bois qui faisait office de fenêtre puis pencha sa tête à travers le blizzard, plissant les yeux pour tenter de voir quelque chose à travers cette obscurité et ce bazar blanc. Elle distingua rapidement une masse humanoïde, avachie contre la porte improvisée et couverte d'une quantité si impressionnante de fourrures qu'on aurait effectivement pu la confondre avec un ours. Lilja ferma abaissa immédiatement le petit volet et courut vers la porte, quémandant l'aide de sa mère pour faire rentrer l'étranger. Bien que peu réceptive à cette idée, la femme finit par céder, ne pouvant décidément pas abandonner qui que ce soit. Et si une quantité impressionnante de neige eût le temps de s'engouffrer dans la maison, ce fut aussi le cas de l'homme au bord de l'évanouissement qui resta de très longues minutes sur le sol, à contempler bêtement le plafond. Le petit feu intérieur et ses peaux firent remonter bien vite sa température corporelle, ou du moins assez pour se redresser et remercier l'intégralité de la famille, y compris le père qui restait également allongé, victime de sa maladie inconnue. L'inconnu sauta d'ailleurs aux conclusions après avoir observé le père, établissant le bilan suivant : « son sang ne circule plus correctement ». Et bien qu'il aurait été naturel de se demander comment est-ce que l'homme savait cela alors que même un guérisseur aurait eu besoin d'ausculter le patient, personne ne sembla s'en douter à prime abord. La santé du chef de famille était de loin la chose la plus importante du moment. Mais doutez-vous bien que la supercherie ne pouvait pas non plus durer. Pas aux yeux de Lilja qui interrogea le nouvel arrivant sur son identité. Il répondit tout simplement en révélant son nom, son prénom et sa profession. Erlenjdur Urfson, guérisseur. Et bien que sa voix s'était quelque peu amenuisée à la simple évocation de la fameuse profession, l'homme ne sourcilla pas, comme fermement convaincu. Cachait-il la vérité ? Jamais Lilja n'avait entendu parler de guérisseurs si puissants qu'ils pouvaient identifier et guérir d'un simple coup d’œil. Même la mère sembla un instant dubitative. Finalement, elle confia le destin de son mari entre les mains de cet homme mystérieux et énigmatique. Ce dernier somma les deux demoiselles de s'endormir sous prétexte que le traitement allait probablement durer une petite éternité.
Lilja passa le reste de la nuit dans sa petite chambrette, à espérer que son paternel se porte mieux d'ici son réveil. Quant à la mère, elle insista pour rester aux côtés des deux hommes.

La suite fut totalement inconnue de la pauvre enfant, encore endormie à ce moment. Elle ne se rendit compte que d'une seule chose à son réveil : son père était inanimé, couché à même le sol et blanc comme neige alors que la mère, elle, était carrément absente, disparue. Il ne restait que Erlenjdur, assis à côté du père mort avec une mine attristée. Qu'avait-il bien pu se passer durant cette nuit ? Lilja se laissa tomber à genoux sur le sol avant d'éclater en sanglots et de ramper vers son père, sous le regard de la seule autre personne encore en vie. Elle en voulut aux Dieux de ne pas avoir emporté son père lors d'une bataille. Elle en voulut aux Dieux d'avoir emporté une mère en deuil. Elle en voulut aux Dieux de ne pas l'éclairer sur les mystérieux événements de cette nuit. Mais enfin, après avoir extériorisé le plus gros de sa rancœur à vive voix, elle réalisa que le guérisseur devait être au courant de tout. Pire encore, elle le soupçonna un long moment et hésita à lui sauter dessus. Rien. Elle ne fit rien, totalement pétrifiée par un flot d'émotions négatives et surtout noyée dans la tristesse d'avoir perdu ses deux parents à en une nuit. Elle aurait tellement voulu se cogner la tête contre le sol jusqu'à s'en faire saigner. Elle aurait tellement voulu rejoindre ses aimés à Valhalla. Elle aurait tellement voulu qu'ils soient encore là.
Abattue par la tristesse, Lilja resta un long moment à pleurer sur le sol, jusqu'à ce que Erlenjdur vienne la relever, prenant l'enfant orphelin dans ses bras. À ce moment précis, elle sentit comme une chaleur familière en elle et fut à nouveau submergée par ses propres larmes, regrettant amèrement que la dernière discussion avec son père ait été une dispute et que les derniers mots à destination de sa mère n'aient été qu'assemblés en une simple expression : bonne nuit. La malheureuse se fit bercer pendant des heures durant, ne pouvant toujours se remettre de cette tragique nuit. Ce n'est qu'après quelques heures qu'elle osa enfin ouvrir la bouche, adressant une simple question à son seul et unique compagnon : « où est ma mère ? ». Le père avait effectivement succombé de ses gelures, ou de sa "maladie inconnue" selon Lilja. L'état de la mère restait néanmoins inconnu. Erlenjdur répondit d'une voix qui se voulait réconfortante et paternelle : « tu le sauras une fois en âge. Son destin a été bien trop cruel envers elle, tu n'as pas à te tourmenter davantage l'esprit ».
La triste blonde pleura une énième fois, ne pouvant s'imaginer les pires scénarios possibles. Suicide suite à la dépression ? Morte sous le blizzard ? Ou même déchiquetée par un ours ? Le fait que la mère soit sortie peu après le décès de son mari serait probable. Mais la vérité était autre et encore dissimulée par le seul être vivant au courant de tout cela, soit le guérisseur. Combien de fois Lilja le supplia-t-elle ? Toutes ces demandes n'aboutirent à rien, l'homme resta toujours aussi ferme et silencieux sur le sujet, comme empreint d'une certaine tristesse qu'il cherchait à refouler. Pourtant, il n'était sûrement pas le plus attristé ici. Et si le ciel avait arrêté de pleurer ses flocons, la jeune fille, elle, ne parvenait pas à retenir ses larmes.

Cela marqua le début d'une nouvelle vie. Erlenjdur, comme contraint de payer une dette dont Lilja ignorait l'existence, prit la jeune fille à sa charge, commençant d'abord par l'éloigner de la maison riche en souvenirs funèbres. Il lui apprit tout ce que son père aurait dû faire, à savoir les bases de la chasse, de la cueillette et de la médecine. Vivre en milieu hostile semblait bien plus réalisable qu'auparavant, tout ça grâce aux enseignements du guérisseur. Néanmoins, nul n'est assez fou pour ne pas trouver refuge dans un véritable village une fois l'hiver arrivé. Les températures chutent tellement que même les épaisses peaux d'ours ne suffisaient plus à se protéger. Ainsi s'adapta Lilja, contrainte à un mode de vie sauvage à 75%. Cela ne lui déplut pourtant jamais. Au contraire, elle s'habitua bien vite à la vie en pleine nature, surtout en compagnie de Erlenjdur, bien qu'elle aurait de loin préféré celle de son père ou de sa mère. Mais s'il y a bien une chose à laquelle Lilja ne s'était jamais habituée au fil des années, c'est cette tendance culinaire étrange qu'avait son tuteur. Il adorait – ceci étant un terme bien faible – la viande particulièrement sanglante et se justifiait toujours par le fait que cela réveillait les instincts primitifs et primaires de l'homme. La seule fois où la petite blonde s'intéressa au plat de son compagnon, elle le regretta amèrement, manquant de tout dégobiller dès l'instant où le sang envahit sa bouche. Un flot pourpre coula des lèvres de Lilja alors qu'elle s'accrocha du mieux qu'elle le put, luttant contre l'irrépressible envie de recracher ce qu'elle venait d'ingurgiter. Un haut-le-cœur plus tard, elle s'en remit finalement et se fit une raison : jamais plus elle ne devait se forcer de manger quoi que ce soit qui ne lui donnait pas envie, pas même par curiosité. Aussitôt qualifiée de petite nature, Lilja se vit être la destinataire d'un morceau de viande cuit à point, sans aucune goutte de sang.  Elle en avait ri, échangeant un regard complice avec son tuteur.
Mais le temps fit son oeuvre. Il tenta, tout du moins. Notre protagoniste était devenue une jeune femme qu'on pouvait qualifier de belle sans trop se méprendre, attirant sur elle les regards, cela malgré les fourrures qu'elle portait. Et à côté d'elle, celui qu'on aurait pu prendre pour son père il y a une quinzaine d'années de ça passait désormais pour son grand frère. Lilja faisait pourtant son âge. Le problème était ailleurs : Erlenjdur ne semblait pas affecté par le temps. Pas un cheveux gris, pas une trace de calvitie, pas de mental défaillant, pas une seule ride. Ses connaissances commençaient sérieusement à le prendre pour une divinité incarnée. Ils ne parlaient pas ici de Jésus qui mourait et ressuscitait, mais bien d'Odin l'immortel, qui sillonne en permanence Midgard sous la couverture d'un simple humain. Simple humain qui ne vieillissait toujours pas.
De là se développa même quelque chose d'assez malsain. Les sentiments que Lilja portaient à l'encontre de son tuteur changeaient. Il était passé d'une sorte de père de substitut à quelque chose de plus... intime. L'apparence de l'homme n'avait clairement rien arrangé à la situation. Et puis qui s'en souciait ? Avec un rythme de vie aussi atypique et sauvage, personne ne se souciera de ce qu'ils faisaient entre eux. Après tout, l'un était pour l'autre celui l'ayant sauvé de la solitude, celui ayant tout réalisé pour maintenir le père en vie et pour empêcher la mère de s'en aller mystérieusement. Lilja se fit d'ailleurs une raison vis-à-vis de ce trouble passé : jamais Erlenjdur ne lâchera une quelconque information, même après cette pseudo promesse faite il y a maintenant des années. La femme découvrit les choses par elle-même, sans avoir demandé quoi que ce soit...
C'était une nuit particulièrement chaude, aussi bien en terme de température externe qu'interne. La fusion de deux corps curieux et luxurieux ne faisait que renforcer cette sensation de chaleur. En voilà, une bien belle nuit d'été ! Pourtant, elle ne fut pas plus longtemps que ça. À la vue d'un tel corps si proportionné et appétissant, l'homme ne put davantage retenir sa vraie nature. Ce que Lilja prit d'abord pour une morsure taquine se changea bien vite en quelque chose de particulièrement douloureux, comme si les crocs d'une bête lui perforaient la base du cou. Sur l'instant, elle se débattit et hurla naturellement, sans pour autant que cela ne porte un quelconque et fructueux résultat. À cet instant, Erlenjdur était comme doté d'une force dont il ne devrait pas être le maître. Était-ce un véritable Dieu ? La captive en douta lorsque les iris parcourus par une lueur malsaine lui glacèrent littéralement le sang, la poussant à redoubler d'efforts. S'agitant de plus belle, Lilja parvînt à placer un coup stratégique mais involontaire au menton de la chose, la poussant à se reculer alors qu'une de ses perforantes canines se retourna contre lui, lui trouant littéralement la langue, mêlant ainsi deux goûts et qualités de sang. Tout en se reculant, l'affolée eût le temps d'apercevoir des sortes de veines sombres qui recouvraient une partie du visage de son persécuteur. Ne redoublant que de folie, l'horrible retourna à l'assaut sans que sa proie n'eût la moindre seconde pour s'échapper, déjà bien trop affaiblie pour pouvoir courir où que ce soit. Mais lorsque Lilja pensa être finie, la chose se mit à pleurer et se pencha non pas pour mordre mais pour embrasser la pauvre humaine. Erlenjdur sembla recouvrer une once d'humanité pour la première fois, conscient de ce qu'il avait fait. Il murmurait des « ne meurs pas, je t'en supplie ». Mourir ? Il est vrai que l'adrénaline avait poussé la femme à omettre ce détail. Elle s'en rendit aussitôt compte, son corps se vidant lentement de son fluide vital par les deux imposants trous, séquelles directes de la morsure. Lilja n'eût même pas la force de recracher ces horribles liquides pourpres qu'elle avait en bouche tant son cerveau ne répondait plus à rien. Elle sentit ses articulations et muscles se glacer lentement en raison du manque de sang, jusqu'à ce que ses yeux se referment d'eux-mêmes, toujours avec une certaine lenteur. Elle ne fut bientôt plus consciente de rien, expérimentant une mort atypique et floue.
À son réveil, le même décor l'entourait. La blonde pensa d'abord qu'elle n'avait fait qu'un horrible cauchemar mais se ravisa lorsqu'elle se redressa, ressentant une vive douleur là où elle avait été mordue. Son amant était assis sur un rocher, quelques mètres plus loin. Une sorte de mixture boueuse et malodorante recouvrait la plaie de la jeune femme alors que cette dernière recouvrait tout juste les souvenirs exacts de la scène. La créature qu'était devenu Erlenjdur, la lutte, l'adieu stérile et cet horrible gout en bouche. Tout lui revenait. Elle prit immédiatement peur et s'éloigna de l'homme. Ce dernier ne sembla pas réagir, comme totalement dépassé par les événements. Il avait vu un cadavre se relever et ne savait pas comment se justifier, ne cherchant même pas à le faire. Il murmura néanmoins quelques mots dont l'ampleur avait été renforcée par l'acoustique de la caverne où les deux s'étaient abrités. Ceux-ci furent si clairs et pourtant flous, mais également mémorisés à jamais par Lilja : « Ça recommence... Je... j'ai tué ta mère de la même façon et je l'ai enterrée. Je n'ai pas pu me retenir, c'était plus fort que moi... Plus jamais je ne pourrais te regarder en face. Ne me pardonne même pas, je ne suis qu'un monstre. M-mais toi, tu es revenue... Tu es... comme moi. » Ces mots eurent pour effet d'arracher de nouvelles larmes à la blonde, elle qui était parvenue à ne pas pleurer de tristesse depuis des années. Cette tristesse fut néanmoins mêlée à une amère colère, à une envie soudaine de faire subir à Erlenjdur ce que lui-même avait fait subir à la défunte. La vengeance était une chose particulièrement courante dans l'ancienne culture nordique. Néanmoins, Lilja se considéra comme bien au dessus d'actes aussi barbares. Que vaudrait-elle si elle s'abaissait au même niveau que le meurtrier ? Rien de bien plus glorieux. La femme se contenta donc de se rhabiller, portant à bout de bras le plus de peaux possible, puis quitta la caverne sans adresser un mot de plus à son ex-tuteur, n'ayant ni le temps ni le loisir de se demander comment est-ce que sa protégée était revenue à la vie. Il ne tenta même pas de la retenir. Et même dans le cas où il avait tenté, il se serait heurté à un mur de froideur, d'amertume et de haine pure.

Les saisons passèrent une nouvelle fois, bien que ce fut sous le signe de la solitude. Plus jamais Lilja ne croisa Erlenjdur, bien qu'elle hérita de son mode d'alimentation assez atypique. Sans même s'en rendre compte, elle développa le même intérêt pour les viandes particulièrement saignantes. Si jamais elle s'en privait ne serait-ce que quelques jours, des idées noires s'emparaient d'elles. La femme nota également quelques changements particuliers et parfois encombrants dont une certaine amélioration de ses capacités physiques, une incapacité à se balader longuement au soleil ainsi qu'une certaine antipathie. Lilja ne parvenait même plus à se considérer comme humaine tant ces bouleversements lui paraissaient significatifs. Pourtant, elle ne savait pas non plus par quel autre terme se qualifier, si ce n'est "chose".
Les saisons se changèrent bien vite en années. Même le paysage subissait des modifications progressives. Quelques forêts étaient rasées au profit de l'expansion naturelle de quelques villes et villages tandis que les lacs et montagnes se retrouvaient bien vite exploités par la folie de l'homme. Tout était en train de changer, absolument tout. Et au milieu de ce milieu variable se tenait Lilja qui, comme Erlenjdur, ne prenait pas une ride. Elle eût même l'impression de rester jeune encore et encore, de garder indéfiniment une certaine force, ce qui lui permit notamment de survivre en milieu hostile avec encore plus d'aisance. Elle abandonna rapidement l'usage d'armes et pièges, traquant le gibier à mains nues et en ne comptant que sur ses instincts étrangement développés. Quelques chasseurs eurent l'occasion d'apercevoir la femme en action. Ils rentrèrent tous en criant à la magie, au démon ou au mal en personne, la religion étant toujours au centre du pays. Quelques cohortes d'hommes ne cessèrent d'ailleurs de traquer la mystérieuse femme blonde, en vain. Avec plus ou moins de difficulté, Lilja échappa toujours à ses poursuivants, constatant par la même occasion que les blessures lui étant infligées se soignaient plus rapidement que d'habitude. Un être supérieur qui ne pouvait mourir. Un être supérieur ayant le contrôle sur l'existence d'autrui. N'échappant guère à tout ce melting pot de croyances – étant surtout elle-même païenne – Lilja se considéra bien vite comme l'incarnation de Hel, fille de Loki et Déesse de la mort. Elle ne se pensa pas un seul instant prétentieuse mais réaliste. Quelle autre créature pouvait ne pas vieillir, si ce n'est un Dieu ? Ce postulat ne fit que la conforter dans ses idées. Le stade humain ne la qualifiait plus, loin de là. La voilà bien au dessus de tout cela, supérieure en tous points aux règles et physiques humaines.
Ainsi débuta une vie atypique basée sur un certain mode de chasse. Si elle pouvait se contenter du sang d'animaux, Lilja trouvait de loin celui des humains plus goûteux. Elle s'appropria tout naturellement une forêt, sa forêt. Quiconque s'y aventurait de nuit ne revenait plus jamais, à moins de se déplacer en groupe. Si tel était le cas, alors rien ne se produisait. La petite horde d'humains explorait les lieux sans y découvrir quoi que ce soit d'anormal. Un mythe cantonal naquît néanmoins de toutes ces histoires de mystérieuses disparitions, celui d'une forêt hantée. Elle devînt bien vite un lieu de choix pour de ridicules tests de courage parmi les enfants du village voisin. Et bien évidemment, quelques uns d'entre eux ne revinrent jamais auprès de leur parent. Cruauté ? Oh que non ! Lilja faisait – selon ses propres mots – simple usage de la loi du plus fort. Le prédateur traque et se nourrit, la proie ne grandit que dans le but de servir de gibier. En voilà des pensées qui faisaient partie des causes premières à l'effacement de l'humanité de la femme.
Pourtant, cette complaisance en temps que prédateur suprême ne dura pas, sur une échelle immortelle, en tout cas. Deux siècles entiers et quelques années passèrent. Toujours aucun signe de quelque ride que ce soit. Nous voilà en 1262, lorsque l'intégralité de l'Islande est colonisée par la Norvège. Le recul des natifs islandais et l'installation des colons poussèrent "l'esprit de la forêt" à quitter son refuge de prédilection, là où il se complaisait pourtant à traquer et à vivre de mythes et d'eau fraîche, de communion avec la nature et de découvertes passionnantes sur le mode de vie animal. Deux longs siècles... Comme le temps passe vite ! Et voilà pourtant une nouvelle époque pleine de changements.


Ère 2 – La nouvelle colonisation poussa Lilja à se reculer, à vivre dans des terres plus reculées encore. Cela ne la dérangea pas tant que ça puisqu'elle avait déjà l'habitude de vivre seule, uniquement entourée d'animaux. Sa destination fut néanmoins plus atypique puisqu'elle se dirigea cette fois vers le Drangajökull, grand glacier de la région, là où personne d'humain ne pourrait la trouver. C'est tout du moins ce qu'elle espéra en s'y rendant. Pourquoi une personne sensée irait explorer des terres si glaciales et inhabitables, après tout ? Cette idée sembla justement faire effet bien rapidement, laissant la paix à la femme éternelle pendant un très long moment qui parut néanmoins dérisoire en raison des deux siècles de vie qu'elle avait déjà derrière elle. Cette petite vingtaine d'années en compagnie de quelques pingouins fut assez courte, si bien que Lilja ne remarqua même pas le temps qui passait. À vrai dire, elle en avait perdu toute notion et ne saura donner son âge que si quelqu'un l'informait de l'année actuelle. Et encore ! Ce serait dans le cas où sa mémoire ne lui jouait pas des tours, ça.
Après cette courte vingtaine d'années, la blonde fut trouvée au milieu du glacier, en plein sommeil, emmitouflée dans une demi-douzaine de peaux de bête. L'homme fut évidemment surpris d'une telle découverte et s'empressa de noter celle-ci avec maladresse, relevant absolument toutes les réactions de sa trouvaille. Enfin... c'est ce qu'il fit jusqu'à ce que Lilja se réveille d'un coup, ayant enfin senti le rythme cardiaque et les travers sanguins d'une personne si près d'elle. Heureusement, elle s'était déjà nourrie sur quelques animaux il y a peu, ce qui lui permit de résister à l'envie de se jeter sur une grosse proie si captive et imprudente à la fois. À la place de cela, elle l'invita à sa "table" comme si de rien n'était et compris bien vite qu'elle ne parlait pas le même langage que l'homme. Les deux langues présentaient tout du moins quelques similarités puisque le vieux norrois était la base de chacune d'entre elles, ce qui permit une compréhension minimale. Grâce à cette légère intelligibilité, l'homme parvînt à se faire comprendre bêtement mais simplement. On aurait pu traduire ses propos par : "moi de Norvège. Explorer terres. Faire rapports à pays." Prenait-il à ce point son interlocutrice pour une sauvage ? À l'entente de ces mots assemblés de façon si désordonnée et sans aucun connecteur, Lilja lui rappela bien vite qu'elle comprenait au moins 30% des phrases complexes prononcées par l'homme, ne manquant pas de lui mettre un petit coup de coude dans les côtes pour lui faire comprendre ça.
Vînt alors le pire moment possible, celui où l'explorateur s'interrogea sur la présence d'une femme solitaire au cœur de terres glaciales. La blonde demeura sceptique, sachant bien qu'il ne fallait surtout pas lui dire la vérité. Quoique cela pourrait être une expérience intéressante. Admirer la réaction d'un humain qui rencontre un Dieu pour ensuite le tuer si la dite réaction déplaît à l'incarnation immortelle. Elle se ravisa néanmoins, jugeant cela bien trop hasardeux, et décida de jouer la banale carte du mensonge, prétextant qu'elle revenait d'un pèlerinage familial pour rendre hommage à ses ancêtres. Après tout, les croyances païennes n'avaient pas totalement disparu de ce monde. L'explorateur sembla hésitant sur le fait de croire ou non la femme encore innocente à ses yeux. Pourquoi n'aurait-il pas de raisons de la croire ? L'histoire se tenait. Il la prit rapidement pour vérité absolue et se proposa pour raccompagner Lilja en terres habitables. Cette dernière accepta l'offre, néanmoins méfiante envers les intentions de l'homme. Après tout, son tuteur lui avait bien menti à de nombreuses reprises. Pourquoi pas cet homme ? Non. Elle ne sentit étrangement aucune malhonnêteté en lui, comme s'il était encore pur de toute supernaturalité. Pour combien de temps, en tout cas ? Seul l'avenir nous le dira.
Le binôme rebroussa ainsi chemin et marcha pendant trois jours complets, ralenti par la neige des monts. Ils atteignirent enfin les terres plates et dégagées et bientôt un village, sans doute l'endroit où Lilja fut la plus anxieuse avant de se rappeler qu'aucune personne normale ne pouvait vivre deux siècles. Elle apposa tout naturellement une finalité simple et logique : personne ne la reconnaîtra car elle n'avait pas établi un quelconque contact avec l'humanité depuis plus de 200 ans. La femme s'étonna d'ailleurs de quelques avancées technologiques certes mineures mais qui avaient tout de même un léger impact sur l'agriculture et l'élevage. L'explorateur conduisit sa petite trouvaille à son domicile éphémère, là où il prétendait loger depuis quatre mois seulement. Il venait de l'Empire colonial norvégien, selon ses dires. N'ayant absolu aucune idée des limites de cet Empire, Lilja se tut, ne souhaitant ni passer pour une inculte, ni pour une parvenue qui ignorait la géographie de la grande puissance ayant l'Islande à sa charge, chose que tout citoyen devait connaître. L'homme se présenta ensuite sous le nom d'Agnar Torje, grand explorateur norvégien. C'est avec un naturel déstabilisant que Lilja répondit à Agnar, révélant à son tour son identité sans douter un instant que cela pouvait lui apporter quelques préjudices, en supposant qu'un descendant Svana d'une branche éloignée (ne sait-on jamais) soit un habitant du village. Aucune réaction particulière. Une nouvelle fois détendue, l'éternelle poursuivit la conversation avec son interlocuteur, n'ayant à nouveau plus aucune notion de temps. En une nuit d'échanges, c'était presque comme si chacun maîtrisait les subtilités de la langue de l'autre.
Au petit matin, Agnar annonça à Lilja qu'il ne lui restait qu'une semaine avant de repartir pour sa terre natale, soit le cœur de l'Empire. Elle fut attristée, d'une certaine façon. Le contact humain lui avait tant manqué sans même qu'elle ne s'en rende compte au cours de deux longs siècles qu'elle ne voulait désormais plus le quitter, préférant un mode de vie classique à une vie reculée et solitaire. Peut-être était-elle encore plus humaine que ce qu'elle pensait. Néanmoins, Lilja n'avait plus aucune attache à ce pays, d'autant plus qu'elle risquait de croiser Erlenjdur à tout moment, si celui-ci était aussi éternel qu'on le prétendait. Plus jamais elle ne voulait le revoir. C'était un risque bien trop grand à prendre. Les siècles n'avaient pas atténué cette haine qui sommeillait au fond de la blonde, prête à resurgir à tout moment. Pour sûr qu'elle ne parviendrait pas à se retenir si jamais elle croisait son ex-tuteur. En voilà bien des raisons qui la poussèrent à poser une requête à Agnar : prendre la mer et partir avec lui. Surpris, l'explorateur demeura muet pendant au moins trente bonne secondes avant de se retourner vers Lilja, acceptant la proposition de cette dernière avec un certain zèle. Elle ressentit d'ailleurs un net changement chez son interlocuteur. Son cœur battait plus vite et son appétissant fluide circulait bien plus vite que prévu. Stressé ? Non. C'était autre chose, un sentiment que la créature avait oublié depuis bien longtemps maintenant...
C'est donc une semaine plus tard que les deux prirent la mer, sans jamais rencontrer un problème quelconque pendant les sept jours d'attente durant lesquels Lilja ne put s'empêcher de penser à une seule et unique chose : ses chances de revoir Erlenjdur baissaient considérablement et frôlaient désormais le zéro. Après tout, seuls les hommes les plus riches ou ceux partant en mission pour le compte d'un seigneur quelconque avaient à leur disposition assez de ressources pour partir en mer. Le fantôme du passé de la blonde était plus du genre à rester isolé quoi qu'il arrive, à ne prêter allégeance à personne en ce bas-monde. C'était une quasi certitude que l'homme se trouvait encore en Islande, désormais loin de celle qu'il avait transformé.
La traversée en mer fut longue et parfois périlleuse en raison des eaux parfois agitées et du climat très peu clément. Le navire de l'explorateur Agnar atteignit néanmoins Bergen, l'actuelle capitale de Norvège, en un seul morceau. Lilja parut dépaysée dès son arrivée. Elle qui n'avait connu que les villages très peu peuplés ainsi que les forêts et montagnes isolées, la voilà au cœur d'une ville dynamique et riche en habitants, principal moteur d'un royaume entier. Elle ne sut pas où donner de la tête tant les infrastructures et habitations étaient nombreuses. Heureusement que son fidèle homme de cour fut toujours présent pour la guider. Il l'emmena tout d'abord à ses dîners entre amis, en famille puis à ses repas d'affaire, présentant la jeune et belle blonde comme sa compagne. Jamais Agnar ne s'était déclaré à Lilja. Il imposa simplement ce fait sans que la femme concernée ne réfute cela directement. Pourtant, elle n'éprouvait rien à l'encontre de l'explorateur, si ce n'est un minima de sympathie pour l'avoir emmenée ici. Loin de trouver ce genre de relation malsain, Lilja simula et joua le jeu jusqu'au bout, restant aux côtés d'Agnar et s'attirant quelques bonnes faveurs de la haute par sa simple présence près d'un homme de prestige. Une simple figurante parée de bijoux, oui. Une figurante élevée dans l'opulence et le pseudo bonheur procuré par la richesse. Mais s'il y avait quelque chose de grisant, c'était le fait de se sentir au dessus du petit peuple aux yeux envieux. Pourtant, il ne fallait qu'être belle et se taire, se contenter de hocher la tête et s'adapter à la politique actuelle. Lilja eût tout le loisir de s'y habituer puisqu'elle débarqua au beau milieu d'une passation de pouvoir, Håkon IV ayant rendu l'âme. Son fils, Magnus VI, monta tout simplement sur le trône par simple question d'hérédité. Les changements politiques ne furent pas radicaux et n'impactèrent aucunement le royaume. La femme eût simplement à prêter allégeance au monarque, tout comme son mari l'avait fait. Mari ? Oui. Les choses passent relativement vite. Elle n'eût aucun mal à accepter les traditions chrétiennes, surtout si cela lui permettait de conserver sa position actuelle et de l'asseoir définitivement. Lilja se savait jeune, plantureuse et intéressante. Agnar n'avait pas pu laisser passer une telle occasion, d'autant plus que sa femme développa ce qui semblait être un certain contrôle mystique pour lui. Sans qu'elle ne sache vraiment justifier pourquoi, l'immortelle parvenait parfois à obtenir ce qu'elle voulait de son homme, juste en le regardant droit dans les yeux et en faisant resurgir quelques instincts de prédatrice. Elle eût tant de facilité dans l'obtention de ce qu'elle désirait que la lassitude s'empara bien vite d'elle. La richesse, qu'en faire ? Les relations sociales, à quoi bon ? Lilja ne trouva qu'un intérêt dans les œuvres de l'époque, qu'elles soient littéraires ou picturales. Elle passa ses journées à lire et étudier, attendant patiemment le retour de son homme au petit soir. Une certaine routine s'installa bien vite dans sa vie de couple, au point que feindre l'amour en devenait désormais bien trop compliqué. Les disputes devinrent quotidiennes, les actes charnels s'éclipsèrent lentement de cette vie monotone. Le monarque n'estimait d'ailleurs pas nécessaire le fait de solliciter des explorateurs, ce qui entraîna une baisse de revenus considérable pour Agnar. Déchue, la famille Torje ne devînt rapidement plus qu'une vieille légende passée au stade de lignée lambda. Dans les rues de Bergen, les regards ne se posaient plus sur Lilja. La blonde perdit toute l'estime que les gens avaient d'elle, sans faire quoi que ce soit. Elle en voulut un instant à la monarchie puis à son homme, pour avoir été impuissant face à cette situation. Elle se mit tout naturellement à haïr ceux qui l'ignoraient désormais, devenant ainsi une femme à la réputation controversée. Si elle parut jeune et belle de l'extérieur, son miroir intérieur ne reflétait plus que la pourriture de son âme. À contrario, Agnar devînt bien vite un homme sage et modeste ayant appris à vivre sous le plus humble des toits mais adoptant les traits physiques d'un homme mourant et vieillissant. Nombreuses furent les personnes cherchant à percer le secret de Lilja. Créature surnaturelle ? Illusion ? Quoi qu'il en soit, il n'y avait qu'une seule et unique évidence : jamais elle ne vieillissait. Celle qui était alors connue sous le nom de Lilja Torje fut forcée de mettre un terme à sa propre existence, ou tout du moins à s'effacer mystérieusement. Elle ne laissa derrière elle qu'une lettre de suicide annonçant sa mort programmée de A à Z. Jetée dans la mer, traînée au fond par une roche des sept monts. Elle y expliqua en détails les raisons de son suicide, à savoir la dépression, la déception amoureuse, les relations négatives qu'elle entretenait et l'Église lui faisant pression pour ne pas rompre les liens sacrés du mariage. Lilja laissa derrière elle un homme vieillissant et seul n'ayant que sa propre conscience et son courage pour espérer pouvoir refaire sa vie. Elle ? Avoir sept montagnes autour de Bergen l'aida à s'évader sans trop de mal. Après tout, elle avait vécu en pleine nature, dans des conditions encore plus horribles, pendant plus de deux siècles. Pourquoi pas quelques années de plus ? Tout ce qu'il lui fallait, c'était de s'éloigner de la capitale au plus vite, avant que quelqu'un ne se décide à explorer les environs. Heureusement que la neige effaçait bien vite les traces de pas...
L'hiver fut particulièrement rude, si bien que la créature se demanda à de nombreuses reprises si elle allait survivre. Les cavernes étaient très peu nombreuses, les animaux aussi. Autant dire que son avancée entre les monts s'avéra particulièrement ardue et fut ralentie à de nombreuses reprises par le manque d'énergie, de nourriture et de motivation. Malgré ses capacités physiques bien plus élevées que celles d'un humain, Lilja eût grand mal à traverser ces chaînes de montagne, devant tantôt lutter contre les nuits glaciales à l'aide de quelques peaux, tantôt résister à quelques envies sanglantes qui la prenaient de temps à autre. Mais il y avait un certain avantage à tout cela : elle pouvait également progresser en journée étant donné que le soleil était régulièrement obstrué par d'épais et nombreux nuages gris cracheurs de neige. Combien de temps mit-elle avant d'atteindre une forêt en basse altitude ? Des jours. Peut-être même des mois. À vrai dire, la notion du temps lui parut totalement floue tout le long de son périple. Tout ce qui l'importa, c'était de trouver une terre vivable quoique dépaysée, quelque chose qui lui rappellerait les bois où elle avait vécu durant deux siècles. Elle atteignit finalement son objectif, bien que désormais perdue elle ne savait où au milieu de la Norvège. Et encore ! La pauvre ne connaissait même plus les frontières du pays. Peut-être avait-elle même atteint la Suède, qui sait ? Lilja ne s'en préoccupa pas. Les notions de géographie et d'histoire n'étaient que superflues. S'il y avait bien une chose qui importait la blonde, c'était de survivre, ou plutôt de vivre ici le plus longtemps possible, traquant tout ce qui menaçait son confort et sa tranquillité. Elle apprit d'ailleurs à ses dépends que la forêt dans laquelle elle s'était installée allait être légèrement déboisée pour créer une route commerciale entre Bergen et Oslo, la "nouvelle capitale" selon un bûcheron. Il ne fallut pas plus de quelques secondes à Lilja pour réaliser que Bergen était son lieu de vie et que quelques années devaient être passées depuis sa fuite. Combien exactement ? Pour s'en assurer, la fugitive demanda à sa proie l'année actuelle selon le calendrier julien avant de l'assassiner froidement une fois la réponse obtenue. Pauvre innocent. Il n'avait fait que répondre aimablement... en plus d'ajouter quelques avances particulièrement déplacées. Plus sanguine que jamais, Lilja ne put pas réagir autrement et n'eût pas trop de mal à se débarrasser de ce porc. Le fluide de celui-ci fit d'ailleurs office de repas surnaturel pendant quelques semaines. La blonde pilla dans les réserves de ce corps avec parcimonie, ne souhaitant pas qu'il s'épuise. Toute bonne chose a néanmoins une fin, celle-ci aussi. Et le meurtre d'un seul ouvrier ne stoppera clairement pas l'agencement de cette route.
Fermement décidée à ne pas bouger une fois de plus, Lilja ne quitta pas sa forêt, se cachant des regards au plus profond des bois. Heureusement, personne ne la trouva, en dehors de quelques animaux un peu curieux. Elle nomma la plupart d'entre eux, ou du moins les plus fidèles et amicaux, ceux qu'elle ne tuera jamais, pas même pour se nourrir. Il s'agissait là d'une famille de substitut, de la seule réelle famille qu'elle pourrait avoir. Voilà le réel problème de l'éternité. Si les animaux se contrefichaient de tout cela, ce n'était clairement pas le cas des humains qui émettaient des suspicions sur la curieuse jeunesse prolongée d'une certaine blonde. Lilja se rappela avoir subi bon nombre d'examens médicaux et de pseudo guérisons, lorsqu'elle vivait encore en société. Et derrière tout ce spectacle, des fanatiques l'accusaient d'avoir passé un pacte avec le malin. Combien de fois la prétendue possédée eut-elle envie d'égorger ces idiots pour se repaître de leur sang ? Combien de fois s'était-elle retenue pour ne pas avoir à quitter prématurément une nouvelle ville ? En voilà tant de motifs qui ne faisaient que la réconforter dans son idée de vivre en marge de toute société humaine, là où il n'y aurait personne pour la juger. Les cerfs, lièvres et hiboux l'avaient bien compris. Ils étaient tous calmes, affectueux et en harmonie avec la nature. Ils souffraient à chaque fois qu'un homme abattait un arbre, ils pleuraient de leur impuissance face à l'inlassable destruction de leur maison. Même si Lilja n'était qu'une créature soi-disant maléfique, elle ressentait de la peine pour ces animaux. Après tout, elle partageait en quelque sorte leur vie et leur habitat. Elle ne pouvait néanmoins pas leur offrir un moyen de se défendre contre ces humains égocentriques. En tuant davantage de bûcherons et de commerçants, la sauvage ne ferait qu'attirer davantage l'attention sur la forêt, rameutant ainsi tous les théurges, prêtres et autres charlatans du coin. Elle ne souhaitait qu'une vie calme et loin du monde, quelque chose qu'on ne pouvait visiblement pas lui accorder...
D'autres années passèrent. Une simple et unique route ne suffisait désormais plus aux norvégiens. L'extension de leur grand empire les poussait à revoir leur folie des grandeurs à la hausse. Plus de routes allaient être créées. Même les plus petits villages n'allaient pas être épargnées. Le moindre kilo de viande pouvait rapporter gros, surtout lors des rudes hivers pendant lesquels famines et maladies étaient bien plus présentes qu'on ne le croyait. Cela était néanmoins une bonne chose, pour les créatures comme Lilja. La nature procurait bien plus de ressources qu'on ne le pensait et l'immortalité couplée à des capacités physiques accrues permettaient une résistance bien plus extrême, même s'il était tout de même nécessaire de s'abriter lorsque les températures atteignaient des seuils alarmants. Ces cruels hivers n'étaient que les seuls mois de répit pour la blonde et les animaux. Dès que la prochaine saison clémente pointait le bout de son nez, la déforestation reprenait son cours, jusqu'à ce qu'il ne reste plus grand chose de la regrettée forêt. Ce n'était plus qu'un petit bois dans lequel les enfants auraient du mal à se perdre, un si maigre abri pour une femme qui ne devait pas être trouvée sous peine de passer pour un monstre. Elle n'était pourtant pas si loin du monstre. Quoi qu'il en soit, Lilja fut à nouveau forcée d'entrer en migration. Ce bois n'était plus rien. Les plus gros animaux le quittaient également. À la place de ça, il n'y avait plus que des sentiers pavés et des routes désherbées à perte de vue, des chemins qui ne traversaient que des plaines et qui ne menaient certainement pas à Rome, mais convergeaient plutôt vers Oslo. Serait-ce si mal que ça, d'essayer à nouveau de vivre au milieu des humains ? Plus le temps passait et plus Lilja se posait cette question, se demandant désespéramment si elle avait fait le bon choix en vivant en marge de la société. Elle se rappela alors de tous ces jours ennuyeux à Bergen, où elle devait rester à l'abri lors des journées ensoleillées afin de ne pas brûler, attendant le retour de son mari sans aucune étincelle de vie, où elle ne sortait qu'en soirée pour assister à des dîners ridicules entre personnes hautaines et pseudo cultivées. Bref, l'ennuyante routine. En voilà un autre problème de l'éternité. Et pourtant...
Nul ne sait ce qui la poussa à partir pour Oslo, mais elle y arriva après de longs mois de marche, faisant des escales dans quelques petits villages. Était-ce son amour secret pour les arts qui la motiva à découvrir de nouvelles choses ou n'était-ce qu'un simple sentiment inconnu qui resurgissait en elle et la retournait comme un ouragan ? La deuxième option, évidemment. Sans même savoir pourquoi, Lilja était inlassablement attirée vers la grande ville. Cette mystérieuse sensation l'intriguait. Elle n'en connaîtra les détails qu'une fois sur place, malheureusement. Détails qu'elle aurait préféré ne pas découvrir, cela dit en passant.
Une fois arrivée sur les lieux, elle ne savait même pas où loger pour la nuit ni quoi raconter si jamais quelqu'un l'interrogeait. Elle erra simplement dans les rues d'Oslo sans but précis, cherchant ce qui l'avait attirée ici sans même savoir de quoi il s'agissait. Son sang s'agitait parfois, ses envies de liquide se faisaient plus régulières et présentes que jamais. Elle était en transe, toujours sans savoir pourquoi, et resta pas moins d'une semaine seule, dans les rues, à ne rien faire d'autre que vagabonder. Heureusement, la ville fut assez grande pour qu'elle ne se fasse pas une réputation de paysanne crasseuse auprès de tout le monde. On signala néanmoins quelques disparitions de gardes de nuit. Des corps mutilés, mordus et vidés de leur sang furent parfois retrouvés. Il ne fait nul doute qu'il s'agissait bel et bien de Lilja dont les instincts meurtriers et sanguins s'éveillaient. Ce ne fut néanmoins qu'une question de temps avant que l'homme de foi le plus compétent ne soit mis sur l'enquête, les autorités qualifiant ces massacres de surnaturels. Aucune bête ne se baladait en ville. Et pour eux, ce n'était pas l'oeuvre d'un humain. C'est ainsi qu'un certain Georges fut mis sur l'affaire, renommé ainsi en l'honneur du saint chrétien. Fervent croyant et expert en sciences occultes, il était évident pour le peuple que Georges allait résoudre cette affaire en un rien de temps, si bien que les échos de rues parvinrent rapidement aux oreilles de Lilja. Elle ? Traquée par un humain ? Elle en jubilait d'avance, se demandant comment est-ce qu'elle allait vider ce croyant de son sang. La créature laissa volontairement des indices derrière elle, espérant que l'inquisiteur allait rapidement la trouver afin qu'elle puisse le terrasser, ne serait-ce que pour renvoyer ce Georges à sa simple condition de martyr. Mais les choses ne se passent jamais comme on le souhaite. Le monde est bien trop petit et hasardeux pour ne pas permettre ce genre de retrouvailles.
Cela se déroula lors d'une chaude nuit d'été. Un couvre-feu avait été instauré dans toute la ville en raison des meurtres qui s'y déroulaient fréquemment. Seules les autorités compétentes étaient en mesure de sortir afin de traquer la "bête". Pourtant, seule une personne parvînt à la débusquer : Georges. Lilja s'était adressée à son chasseur comme s'il savait ce dont il était question, et elle eût raison puisque l'homme la trouva. Pourquoi prendre tant de risques ? Elle ne savait même pas mais trouvait cela intrigant, qu'il soit tout de même parvenu à la trouver avec des indices si énigmatiques. Qu'était-il réellement ?
L'homme ne tarda pas à se présenter sous le nom de Georges. Lilja rétorqua sans trop de mal qu'elle connaissait déjà l'identité de son traqueur, ce qui facilitait grandement les présentations. Et pourtant, l'homme de foi affirma que la pauvre créature n'avait pas la moindre idée de qui il était réellement. Un sourire naquit sur les lèvres de l'homme alors qu'il se présenta à nouveau, mais cette fois-ci sous un autre nom, Heinrich Äsbjerg. Aussi étrange que cela puisse paraître, ce nom évoqua quelque chose et résonna dans la tête de la buveuse de sang, jusqu'à ce que son prédateur daigne enfin lui répondre, clamant haut et fort – avec néanmoins assez de discrétion pour qu'aucun garde random ne l'entende – être ce qu'on appelle un originel. Un originel, hein ? Jamais Lilja n'avait entendu cette appellation auparavant. Elle supposa bien trop rapidement que son interlocuteur se moquait ouvertement d'elle, ce qui la poussa notamment à ne pas le croire et à sortir ses crocs, prétendant à son tour être autre chose : une déesse, une divinité qui se réjouissait à la grande beuverie de sang humain. Heinrich ne sembla pas menacé, loin de là. Il rit à gorge ouverte, incitant la créature à l'approcher. Cette dernière ne se fit pas prier davantage mais se retrouva bien vite confrontée à quelque chose qu'elle n'aurait jamais imaginé : l'homme avait aussi des crocs. De tout son être s'échappait désormais une certaine aura menaçante, à moins que ce ne soit que la peur en train de s'emparer de Lilja. Elle recula d'un pas, puis de deux, et de trois. Elle ne voulait plus mordre son interlocuteur et le vider de son sang. Pourtant, sa faim était insatiable, sans même qu'elle ne sache pourquoi. Cette envie d'hémoglobine la tiraillait, la torturait, la hantait. Elle ne pouvait plus penser de façon cohérente sans avoir à imaginer des cadavres dégoulinants de leur fluide vital.
Alors que les sens de la femme étaient en ébullition, Heinrich en profita pour chuchoter quelques mots. Malgré les mètres séparant les deux êtres, Lilja perçut clairement les propos de son interlocuteur et se les répéta maintes fois, ne pratiquant qu'un changement de point de vue en adaptant le sujet de la phrase. "Je suis un monstre obsédé par sa faim." Le prêtre – s'il en était bien toujours un – ajouta que se priver de sang pendant des semaines entières n'était pas très bon pour leur espèce, cela s'avérait même nocif voire mortel. Ce besoin immédiat de sang était donc justifié par le fait que la pauvre Lilja ne s'était pas énormément nourrie lors de son dernier périple, et cela dans le seul but de ne pas pouvoir être pistée à cause d'une simple erreur de débutant impliquant des traces ou une odeur de sang. Ainsi, ses sens la guidèrent naturellement jusqu'à Oslo, ville qui rassemblait désormais le plus d'habitants. À peu de choses près, la blonde aurait fait un carnage en ville, si ce n'était pas déjà quasiment le cas.
Sans même se soucier de son milieu, Heinrich parla à Lilja pendant dix bonnes minutes, lui résumant ainsi ce qu'elle était réellement et comment elle devait se comporter pour vivre en société afin de ne pas attirer les regards sur elle. Cela impliquait d'éviter de faire disparaître les humains dans l'unique but de s'en servir de garde-manger. Les animaux devaient être la ressource prioritaire pour se nourrir, les sorties de jour étaient déconseillées sauf à temps couvert, une profession de foi était fortement recommandée afin de s'attirer les faveurs de tout le monde. Voilà pourquoi le maudit exerçait en tant que fonctionnaire religieux.
Évidemment, un tel échange ne pouvait rester secret pendant longtemps. Il fallut qu'un disciple de Heinrich se montre, déclarant agir pour le bien de l'Église alors qu'il pointait Lilja avec une épée de bonne forge. Heinrich se retourna, crocs à l'air, et fendit littéralement l'air avant de faire taire l'homme à jamais, ajoutant à ce moment précis que les seuls humains méritant de mourir étaient ceux qui découvraient la véritable identité des créatures de la nuit. À la fois apeurée et admirative, Lilja se sentit bien vite sous dépendance. Elle savait que sa seule chance de vivre en société résidait en l'incarnation de l'originel. Son hypothèse se confirma d'autant plus lorsqu'elle ressentit une montée de violence en elle alors que le sang du défunt disciple s'étendait à même le sol. Quel gâchis de nourriture, pensa-t-elle. Il fut particulièrement dur pour elle de se retenir. Si Lilja n'avait qu'une envie, c'était bien celle de se jeter sur le cadavre afin de le déposséder de son fluide restant. Une main sur son épaule lui rappela néanmoins l'une des règles évoquées auparavant. Elle disparut alors dans l'ombre de la nuit, en compagnie de l'originel sous couverture.

[To be continued]

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Dernière édition par Lilja Svana le Mar 8 Nov - 10:46, édité 10 fois
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Macéo J. Cubbins


Macéo J. Cubbins

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Bienvenue à toi parmi nous !

Pressé de lire ta fiche, bon courage pour ta rédaction !
N'hésite pas si tu as des questions ;3
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Milo J. McGuire

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Shiroooooooooo!! *Lui dépose une jolie couronnede fleurs sur la tête*

Welcooome! Qu'est ce que t'entends par traîné de force ? Parce que franchement je vois pas là ! J'étais mimi (a)

Bon tu sais déjà que t'as le droit de harceler le staff si t'as une question, mais que j'ai besoin de sommeil aussi ! ;3

Sinon bon courage pour l'écriture de ta fiche :3


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Yooooo Wilkommen à toi !!!
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Macéo > Merci ! J'en embête déjà une pour les questions, paraît que je suis pas trop embêtant pour le moment (a)

Milo > JE SUIS LE ROI DES FLEURS. Ahem. Et oui, je continue de t'embêter si jamais %D (c'est le sous-entendu. Je ne te laisserais plus dormir :v)

Sam > Ach ja ! Panzer ! *vocabulaire allemand limité* Mais merci, vu que je sais même pas comment répondre dans la même langue. '^'


15 à 20% prévu pour ce soir. Je tente. (^:
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MessageSujet: Re: [UC 59%] Tel Jörmungand, j'ai vu le monde, l'ai exploré et parcouru continuellement, jusqu'à l'encercler et me mordre la queue.   [UC 59%] Tel Jörmungand, j'ai vu le monde, l'ai exploré et parcouru continuellement, jusqu'à l'encercler et me mordre la queue. EmptyMar 4 Oct - 18:08

Tente mon petit tente. Et si t'es obligé de me laisser dodoter! T'as fini tes devoirs ? [UC 59%] Tel Jörmungand, j'ai vu le monde, l'ai exploré et parcouru continuellement, jusqu'à l'encercler et me mordre la queue. 4101613647
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Je les ai même pas commencés. Vu comment c'est parti, je les ferais pas avant minuit. xD
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Milo J. McGuire

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Milo J. McGuire

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MessageSujet: Re: [UC 59%] Tel Jörmungand, j'ai vu le monde, l'ai exploré et parcouru continuellement, jusqu'à l'encercler et me mordre la queue.   [UC 59%] Tel Jörmungand, j'ai vu le monde, l'ai exploré et parcouru continuellement, jusqu'à l'encercler et me mordre la queue. EmptyMar 4 Oct - 23:58

J'adore tellement le début :3

T'as bien travaillé je suis fièrede toi ! Et veux la suite rapidement hein !?
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MessageSujet: Re: [UC 59%] Tel Jörmungand, j'ai vu le monde, l'ai exploré et parcouru continuellement, jusqu'à l'encercler et me mordre la queue.   [UC 59%] Tel Jörmungand, j'ai vu le monde, l'ai exploré et parcouru continuellement, jusqu'à l'encercler et me mordre la queue. EmptyMer 5 Oct - 0:21

Éwai, je suis quelqu'un de productif *pan*

La suite pour demain, probablement xD
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