C'était pas la première ni la dernière fois que j'étais à la bourre, mon réveil s'était égosillé pendant de longue minutes avant de réussir à me tirer du sommeil. J'allais louper mon train, tant pis, je rejetterai surement la faute sur ma grosse valise dans laquelle je trimbalais toute ma vie qui m'aurait donc ralenti sur le chemin de la gare, me faisant louper le train. Je pouvais l'affirmer, puisque cet abruti de guichetier ne s'était pas suffisamment pressé à imprimer mon billet et que la machine jaune et moche n'avait pas voulu le composter malgré mes nombreux essai à le faire rentrer dans tous les sens. J'avais donc poireauter dans la gare pendant deux bonnes heures en plus d'avoir rassembler mon semblant de monnaie pour acheter un second billet que l'enfoiré de guichetier qui m'avait vendu le billet la minute plus tôt n'avait pas voulu me rembourser alors qu'il savait pertinemment qu'il avait contribuer à mon retard. Mon fantastique effet de surprise serait complètement raté et je pestai bruyamment sans me soucier des autres qui me dévisageaient alors que je bougonnais contre l'univers tout entier qui semblait s'être ligué contre moi afin de m'empêcher d'être à l'heure et donc de contrecarrer mes plans. Et ça, c'était sans oublier l'enflure de pickpocket qui avait essayé -et réussi- de me tirer mon sac alors que je m'offrais à moi-même un café-latte. L'enfoiré ! Il n'y avait pas d'autres mots ! Nan mais franchement ! Et il était où le beau prince censé me sauver de là, hein ? Celui qu'était supposé rattraper le vilain, lui casser les genoux et ramener mon sac comme un gentleman. Aux abonnés absents, encore une fois. On ne pouvait vraiment compter que sur soi-même. Je lâchais un soupir exaspéré avant d'abandonner café au lait, sac de sport et valise de quarante kilos derrière moi dans l'unique but de poursuivre le pickpocket.
« Reviens là espèce de merdeux avant que je te brise les os un par un pour avoir osé embarquer mon sac. » Grognais je entre mes dents alors que je piquai un sprint pour réduire la distance entre lui et moi. Une chance que j'étais sportive, et endurante, rapide restant encore à discutailler longuement vu ma petitesse du haut de mon mètre soixante-trois. Mais j'étais toujours plus rapide que mon ravisseur, puisque je me retrouvais plus que quelques centimètres derrière lui dans la minute qui suivie. Je me jetais à corps perdu sur le vilain pas beau de voleur et l'attrapait par les chevilles, l'entraînant dans ma chute. Je me retrouvais ainsi donc allongée de tout mon long au beau milieu de la gare en tenant l'ado qui, lui, tenait toujours mon sac fermement dans sa main malgré son air hagard causé par la surprise et surement le contre coup de sa chute. J'avouais avoir espéré qu'il finisse assommé sur le coup mais il fallait bien que je comprenne un jour que tout ne se passait pas forcément comme on voulait, la vie n'était pas un film, même si la mienne y ressemblait beaucoup. Genre vieux thriller fantastique v'voyez ? Mais le plus risible arriva par la suite, la sécurité ayant débarqué et alors que je m'accoudais sur le sol en leur adressant mon plus beau sourire, ils me relevèrent comme si c'était moi la fautive. Je m'injuriais devant tant d'injustice, me débattant comme une lionne en hurlant dans tous les sens qu'il m'avait piqué mon sac d'abord, et que c'était des incompétents, et que fallait tout faire soi même,
et que vas y Anna rajoute un bonne couche pour enfoncer ton cas. C'est comme ça que je me suis retrouvé au commissariat, après un bref passage par le poste de sécurité de la gare et une escorte du Shérif -masculin, parce que merde, on m'avait pourtant dis que c'était une blonde aigrie !- de Beacon Hill's et de son bel adjoint -que diable ils ont cru que j'avais fumé un bon gros pétard pour lorgner ainsi dessus.
Je claquai mes ongles contre le bord de la table d'interrogatoire dans un signe d'impatience, nan mais sérieusement, ils me sortaient carrément le grand jeu là ! Et puis depuis quand on devait tout raconter sa vie aux monsieurs les policiers à la sortie du train hein ? Bon certes j'avais plaqué au sens rudgytesque du terme au beau milieu de la gare, mais il m'avait cherché non ? C'était lui qui m'avait volé mon sac ! C'était lui le vilain méchant à qui il fallait mettre les menottes ! Naméoh. Le Sherif débarqua enfin devant moi dans un profond soupir, alors que je m'adossais au dossier de ma chaise d'un air blasé en attendant de savoir ce qu'il me voulait.
« Mlle Johanson, savez vous pourquoi vous êtes là ? » lâcha mon interlocuteur après s'être assis en face de moi en ouvrant un dossier devant lui. Ce fut à mon tour de soupirer longuement :
« Ben non justement, j'pensais que vous m'le direz vu que je me fais voler mon sac et que c'est moi qui me fait arrêter. » répliquais je d'un air boudeur. Les policiers ils me faisaient pas peur d'abord, j'avais l'habitude de les fréquenter, et même si je me doutais du potentiel objet de ma présence ici, pas question que je n'en pipe mot. Je venais d’emménager il n'y a que trop peu de temps pour avoir trop de chose à me reprocher ici. Alors certes j'étais venue me perdre à quelques kilomètres de la ville mais j'étais majeure et vaccinée je faisais ce que je voulais après tout. Et comme si on avait lu dans mes pensées mon père débarqua. Ah bah non c'est vrai, je faisais pas complètement ce que je voulais en fait...
« Tiens !! Papou comment tu vas d'puis le temps ! J'ai été à Paris t'imagines même pas c'était trop beau, la tour Eiffel toussa toussa ! Enfin le mieux c'était quand même les croissants quoi !! Et... » Enchaînais je pour éviter la tempête qui approchait dangereusement de moi.
« Deux semaines ! » Tempêta-t-il.
« Deux semaines que j'attends que tu rentres. Deux semaines de cours que tu as à rattraper ma grande, et tu peux t'attendre à être privée de sorties pour au moins le triple de temps. » « Mais papou... » Le coupais je, sans trop savoir si son monologue s’arrêterait là.
« Je n'ai pas fini ! » Rugit-il. Ah ben voilà, il avait pas fini... Je me tassais dans ma chaise alors que le flic n'en avait pas placé une depuis tout le temps où mon père était entré, ses yeux ronds de surprise ne se détachait pas de mon paternel -et son collègue en passant- avant de finalement avoir le courage de se faire entendre.
« Stephen du calme, elle est rentrée c'est le principal non ? Un jour je te raconterais le nombre d'escapades qu'a pu faire mon fils, je suis certain que ça pourra te rassurer. » Mon père tiqua, me fusillant du regard avant de céder aux espérances du Shérif, mon sauveur, il faudrait que je pense à embrasser son fils un jour pour apparemment être pire que moi quand il s'agissait de prendre la poudre d'escampette selon mes humeurs. Je ne l'avais pas approché de trop près même si je saisissais parfaitement qui c'était, on était à la fac ensemble après tout, mais pas seulement, il y avait aussi ce grand type avec qui il faisait toujours le zouave. Je me rappelais de la première fois où je les avais croisé comme si ça s'était produit la veille. Le grand Dadet s'étalant de tout son long dans le couloir de la FAC près des casiers où je me trouvais. Ce dernier poursuivait apparemment depuis longtemps déjà ce qui semblait être son colocataire et le fils du Shérif pour contester, semblait-il, son tour de vaisselle. La situation m'avait fait pouffer discrètement jusqu'à ce qu'il se casse la figure, juste devant moi et qu'il m'adresse un coup d’œil en ronchonnant, mes joues avaient virées à l'écarlate alors que je me contentais de l'observer tandis qu'il se redressait déjà pour poursuivre son "colocataire et meilleur pote en carton parce qu'il aurait pu se faire très mal et que lui l'aurait laissé agonisé et mourir sans pitié" qui ne s'était arrêter qu'une demi seconde pour nous regarder avant de tourner les talons et de détaler comme un lapin courser par un chasseur. Ces deux là étaient vraiment des clowns, et je n'arrivais toujours pas à comprendre pourquoi mon cœur voulait sortir de ma poitrine à chaque fois que je croisais ce type beaucoup trop grand pour que je puisse le fréquenter. Bon sang je devais déjà passer la moitié de mon temps en talons pour éviter que ma petite taille ne se remarque pas, j'allais certainement pas fréquenter un mec haut de presque deux mètres ! Du coup, c'était plus facile de l'éviter et faire genre je le détestais. Non, ce n'est pas vrai, mon sens logique est tout à fait normal, il m'est juste propre à moi même.
« C'est pas cool de me comparer à lui. » Boudais je.
« J'ai rien à voir avec votre pipelette de fils ou avec son barge de colocataire. »Conclus je finalement en croisant les bras contre ma poitrine en feignant être contrariée. Alors pourquoi est ce que mentionner Barry me chatouillait-il le ventre hein ? HEIN ?! J'entraînais ma haine à coup d'argument purement geek, puisque c'était bien le seul défaut que j'avais réussi à lui trouver, lui et sa fanattitude pour Superman et le reste de la ligue des justiciers, lorsqu'on était plus fan de la Suicid Squad comme moi, on n'était -forcément- pas fait pour s'entendre.
« Tu connais Barry et Stiles ? » S'étonna le Shérif avec un sourire presque mélancolique sur le visage. Minute, m'dîtes pas que Barry est son fils aussi ! Ils ont pas le même nom pourtant de ce que j'ai pu entendre en cours. Je fronçais des sourcils pour masquer ma gêne alors que mon père s'était adossé au mur en levant les yeux au ciel.
« De vue. » Marmonnais je, soudainement moins à l'aise.
« On est à la FAC ensemble... » Finis je par expliquer.
« Et bien la prochaine fois que ton père vient dîner tu n'auras qu'à venir peut être qu'on les entendra moins se chamailler. » Proposa-t-il dans un clin d'oeil.
Rouge pivoine le retour. J'haussais un sourcil interrogateur après avoir repris contenance en une seconde éclair, je pensais qu'ils étaient en colocation ? Et ce fut mon père qui répondit à mon interrogation devinant mes pensées par je ne savais quel moyen.
« L'un ne supporte pas la cuisine de l'autre, et puis ça fait moins de vaisselle à faire. » expliqua-t-il.
« Et pourtant Barry n'aime pas perdre la moindre excuse pour enfiler son tablier Superman. » Renchérit le Shérif dans un sourire moqueur. Mon père rit doucement sur ses dires en m'affirmant qu'on pourrait que bien s'entendre lui et moi alors que je protestais déjà.
« Nan P'pa ! Moi c'est le Joker, j'ai jamais eu d'intérêt pour cet abruti en slip rouge. » Grognais je, mais je finis tout de même par accepter l'invitation, certaine qu'en faisant ça, mes deux semaines d'escapades me seraient pardonnées. Ce qui fut le cas. Encore une bonne journée !
[...]
Voilà comment, je me suis retrouvée dans la petite ville de BH. A passer les trois quarts de mon temps dans l'appartement de Stiles et de Barry, ce dernier étant devenu mon petit copain depuis peu. Ce après de multiples échanges et débats sur les supers vilains et les supers héros qui étaient loin d'annoncés notre idylle. Et j'étais encore loin d'être au bout de mes surprises...