ILa journée avait été sacrément mouvementée. Le taf au garage avec Aaron, le début de soirée avec Kaya, prendre des nouvelles des gamins parce que maintenant qu’Ethan est de retour on s’inquiète de plus belle, et la prévision de chasse pour la soirée, j’avais pas eu le temps de m’ennuyer. En clair, j’avais pas trop l’envie d’aller chasser mais plutôt de me poser. Malheureusement, quand on est chasseur, on doit bien tenir son rôle. D’autant plus lorsqu’on est chasseur des Cinq. Les vacances, c’est pas pour nous. Au moins, j’allais pas me les geler tout seul en forêt, y’aurait Aaron qui, je suis certain, serait tout aussi motivé que moi. Maintenant qu’il se la joue  plus Don Juan et qu’il a jeté son dévolu sur une demoiselle, il grandit ce petit.

J’allais être à la bourre mais c’est pas pour autant que je me pressais, il allait pas chialer non plus. Je me changeais, aller dans ma cave où mes armes étaient entreposées, très peu des à feu, beaucoup des à flèches et toute une ribambelle de coutelas et autres lames. Aaron ne comprenait pas pourquoi je me l’a joué homme de Cro-Magnon plutôt que de me mettre aux nouvelles technologies, beaucoup plus efficaces. Ça ne m’intéressait pas vraiment, ça me cachait le plaisir en quelque sorte.
Je sortis de chez moi, écoutant Kaya qui me disait de faire attention, retenant un petit sourire amusé avant de grimper sur ma Triumph et de l’attirer vers moi alors qu’elle était au beau milieu d’une phrase, lui coupant insolemment la parole pour l’embrasser : « T’inquiète pas, je reviendrais entier sinon t’auras le droit de m’engueuler. » Et je filais. Car si je continuais de traîner, c’est l’autre qui allait me tomber dessus.

J’arrivais au point de rendez-vous, trouvant Aaron adossé à sa caisse. Je me garais alors qu’il attrapait son matériel. Il suffit d’arrêter le moteur ronronnant de ma bécane pour qu’il se lance et je me retins de lever les yeux. Fallait s’y attendre d’Aaron, de toute manière je m’y étais attendu à ce qu’il me charrie avec ça dès que je lui avais annoncé être en couple. Et encore, à cette époque il était pire, parce que monsieur ne se disait pas en couple mais juste en relation avantageuse avec une amie à lui. Maintenant qu’on est tous les deux dans le même bateau, les pics sont bien moins durs.
Le poing partait, il était habitué lui aussi à force : « La louve elle a un prénom Aaron, alors tu seras gentil d’arrêter de l’appeler comme ça. » Dis-je avant de lui adresser un regard amusé : « Puis tu veux peut-être qu’on parle de ta sorcière non ? Comment va Silver ? » lui rendant pour le coup la pareil avec sa propre copine et je lâchais un petit rire alors qu’il sortait la carte de la forêt. C’est bien beau de se charrier, faut quand même qu’on bosse. Pas de pleine lune ce soir, non ce qu’on chasse c’est notre spécialité, les vampires.
Je tapotais d’un doigt une zone enfoncée de la forêt, non loin de la clairière où se trouve la cascade : « C’est là que pas mal de traces de sang ont été relevée et que les promeneurs ont entendu les cris, donc c’est dans cette zone que le suceur a posé sa zone goûté. » Un vampire sanguinaire, sûrement un nouveau vampire vu qu’il ne semblait pas très soigneux, il n’hypnotisait pas ses proies pour les empêcher de crier, il se goinfrait et ne sortait que le soir… Donc sûrement pas de bague de jour. Mais son compteur à victime commençait à se faire bien trop important, alors on allait devoir s’en débarrasser. La seule chose qui me faisait tiquer, ne pas savoir s’il était vraiment seul ou pas. Et s’il avait son créateur avec lui ? On verra bien sur le tard…

Je me redressais et fis un signe de tête à l’intention d’Aaron : « C’est bon... C'est quoi ton surnom déjà ? Au oui... ‘Lapin’... T’es paré ou tu veux passer un coup de fille à ton amoureuse avant d’aller chasser ? » Je lui adressais un large sourire amusé tout en me pressant de m’enfoncer dans la forêt pour éviter qu’il me frappe ou me balance quelque chose. « T’inquiète pas, tu l’as reverras ta copine, on fera attention à ce que t’es pas de bobo. » Repris-je amusé. Pour une fois que je pouvais à mon tour le faire chier, ça faisait pas de mal.

J’avais rejoint Aaron et on se préparé pour notre chasse. Comme d’habitude, on se cherchait, et depuis qu’on est tous les deux en couple, autant dire qu’on ne va pas chercher bien loin pour se faire chier mutuellement. Lorsqu’il parla de ma ‘gueule de teubé’ je levais le regard vers lui, lourd de sous-entendu. Il pouvait parler tiens, aussi bien sa gueule que ses manières, il avait intérêt à en prendre soin de sa copine sinon pas sûr qu’il en retrouve une qui veuille rester bien longtemps avec lui. Faut l’avouer, pareil pour moi, mais si je perds Kaya je ne chercherai pas à me recaser, pas envisageable. On est des ours, Aaron et moi, autant le dire, on a un train de vie plus que particulier et on n’est pas les plus sociables qui soient.
J’eus un petit rire lorsqu’il passa rapidement sur le sujet de sa sorcière. Aaron qui évite de se la ramener, c’est quelque chose quand même. « Disons que j’ai eu des au-revoir chaleureux, je pensais que tu l’aurais deviné avec mon retard. » Me moquais-je en réponse à sa pique tout en le rejoignant pour regarder sa carte de la forêt.
Nous reprîmes notre sérieux, toujours quand on commence à parler de chasse et établir notre plan de traque. Ces derniers temps, ce ne sont pas les vampires qui manquent en ville. Pénurie de végétariens mais overdose de sanguinaires… Ces-derniers sont les plus chiants, la plupart du temps des vieux qui se pensent tout permis et qui s’amusent à créer des vampires avant de les abandonner ou de jouer quelques temps avec avant de les relâcher. Parfois même les affamant juste pour qu’ils fassent des massacres une fois relâchés. Bref, le genre bien lourd. Et on en a une tripoté à Mystic Falls maintenant, si bien qu’on ne manque pas de travail, nous, les chasseurs.

On entrait dans la forêt, laissant notre sérieux un peu derrière nous vu qu’on se cherchait de nouveau. « Gamin... » Soupirais-je quand je reçu la branche en pleine joue, ne bronchant pas pour si peu, portant juste un doigt à l’entaille pour voir que j’étais coupé. Il faisait le fier en plus et j’eus un petit rire amusé : « Ce qui est bien après les engueulades c’est les réconciliations Aaron… Par contre je ne donnerais pas cher de ta peau. » Souriais-je. Si je sortais blessé non pas à cause de la chasse mais de mon taquin de pote, ouais Kaya n’allait sûrement pas comprendre et manquerait plus qu’elle tombe sur Aaron pour qu’il se prenne un savon. L’air de rien on a des copines protectrices. Mais qui ne faut pas faire chier. Une louve et une sorcière, c’est quand même pas rien. On continuait de se chamailler jusqu’à ce qu’on entende un bruit.
On réagit de suite, se taisant et se réfugiant derrière des buissons pour se dissimuler. Respirant le plus faiblement possible pour ne pas être décelés par le vampire, on tendant l’oreille. Une victime, un vampire et … un deuxième vampire. Bien sûr, ça aurait été trop simple sinon. On avait bien fait de partir ensemble au final. Pas impossible seul, on est des chasseurs des Cinq après tout, mais quand même, ça aurait sûrement duré plus longtemps et pour sûr avec des blessures.
J’écoutais les propositions d’Aaron, restant silencieux une seconde, regardant la scène de loin pour évaluer un peu mieux la situation et trouver un plan. J’en fis ensuite part à Aaron, parlant tout aussi bas pour ne pas éveiller les soupçons des suceurs de sang : « Il faudrait que l’un attire leur attention, ça les déstabiliserait, mais s’ils ne voient qu’un seul d’entre nous alors ils penseront avoir le dessus. C’est deux vampires quand même et vu comment ils ont l’air d’aimer jouer avec leur proie, ça m’étonnerait qu’ils en finissent avec elle juste à cause d’un intrus. Pendant qu’ils s’éloignent de leur victime pour s’en prendre à l’un de nous, l’autre peut les attaquer par derrière, il aura plus de chance d’en abattre un par derrière et le deuxième, à nous deux, ne fera sûrement pas long feu. » Je réfléchissais à mon plan tout en l’annonçant à mon camarade de chasse, ça pouvait marcher, mais j’attendais malgré tout son retour, le regardant pour le questionner du regard : « T’en dis quoi ? » Et j’attendais surtout de savoir, s’il était pour, qui détournerait l’attention des vampires, pendant que le second passerait par derrière.

Notre atout était notre statut de chasseurs des Cinq, plus discrets et habiles autant dire que chasser était d’autant plus une partie de plaisir. C’est donc en faisant preuve d’une certaine discrétion, ne prenant la parole qu’en fonction des bruits de la forêt ou de ceux des vampires que j’exposais mon plan à Aaron. Plan qu’il approuva bien rapidement se dévouant pour servir de distraction, ça lui ressemblait bien, il en était plus apte que moi, bien moins doué de parole et d’amusement. « Jvais me faufiler pour les surprendre, toi tu fais le tour sans bruit et essaye d’en tuer au moins un avec ton arbalète et je m’occuperai du second. » J’opinais à ces dires, faisant glisser mon arbalète dans mes mains et sortant un carreau, levant les yeux au ciel alors qu’il ajoutait : « Me tire pas les fesses tu seras mignon ok ?! » L’idée ne m’avait pas traversé l’esprit mais devenait tentante, je soupirais un « Je ferai de mon mieux… » alors que j’avançais dans les bois, à son opposée, profitant des bruits qu’il faisait volontairement, pour passer d’autant plus inaperçu.

Accroupi derrière un buisson, je regardais la scène, ouvrant d’une main une fiole de verveine pour y tremper la pointe de mon carreau avant de l’armer. Simple précaution, à défaut de transpercer de suite son cœur, il serait affaibli le temps de le rejoindre. Je ne pris même pas la peine d’afficher la moindre esquisse aux dires d’Aaron, après tout, mon attention était entièrement portée sur le vampire qui était en retrait. Pâle comme la neige et semblant en pleine réflexion, il ne fit aucun doute, c’était le plus ancien des deux, ou du moins, le plus réfléchi… Mais toujours pas assez. Je profitais d’un coup de vent pour me redresser et relâcher le carreau, suivant le sifflement et sortant de ma cachette alors qu’il venait se ficher dans le dos du vampire en retrait. Aaron saurait et s’amuserait très bien tout seul à faire taire celui à grande bouche.  Je me jetais sur celui qui avait reçu la pointe en pleine omoplate, ne prêtant pas attention à ses gémissements et profitant qu’il se débatte pour ôter la flèche de bois pour le retourner et le mettre à terre. Mon poing se serra contre le pieu en bois calé dans ma ceinture et je vins le flanquer dans sa poitrine, le sentant transpercer sa peau, se frayer un passage entre ses côtes pour atteindre son cœur et le tuer définitivement. N’accordant pas un regard à la momie qui se forgeait sous mes pieds je jetais un coup d’œil à Aaron : « J’imagine que tu peux t’en sortir tout seul avec celui-ci non ? » Dis-je en montrant d’un signe de tête le plus jeune pris de cours, n’ayant pas calculé que celui qui avait dérangé leur repas puisse être accompagné, allant jusqu’à leur ancienne proie, désormais sans conscience pour mesurer l’ampleur de ses blessures.