Les traces se mêlaient ça et là, la lune ronde ne manquait pas de les mettre en valeur, et pourtant, Stannis était penché comme jamais sur les empreintes. Lui qui d’ordinaire les aurait suivis à distance, sans avoir besoin de se focaliser sur ces formes dans la boue, voilà qu’il agissait bien différemment ce soir-là. Son air impassible avait flanché, ses sourcils étaient froncés comme jamais, un marmonnement mécontent s’échappant de ses lèvres en réalisant ce qu’il se passait ce soir dans les bois. Ou plutôt qui y passait.
Stannis reconnaissait bien là les traces du lycan qu’il avait traqué depuis quelques jours, un perdu, un oméga seul mais pas moins dangereux vu les dégats qu’il avait laissé sur son passage. Un loup qui perdait la tête, voilà tout. Mais le chasseur relevait aussi très bien des traces de pieds, nus, vu leur taille un homme, mais ces empreintes n’avaient pas autant de puissance que celles du loup. Ce-dernier et Stannis n’étaient donc pas les seuls à être de sortie en cette belle soirée de pleine lune, ce qui eut l’art de faire longuement soupirer le chasseur. C’était certain, il y avait bien un loup qui traînait, mais aussi et surtout un humain assez étrange pour errer au beau milieu de la nuit pieds nus. Il espérait juste que seuls ses pieds étaient dénudés.
Beacon ne manquait pas de jeunes assez étranges pour faire des soirées dans les bois, et ce malgré le nombre d’incidents que collectait la ville depuis quelques années. Les jeunes ne manquent pas d’être avides de toujours plus de sensation. Mais jamais encore, Stannis en avait vu un seul se promener, ils le faisaient plutôt en groupe, avec pas mal d’alcool et de drogues pour se donner un style et surtout ils beuglaient. Ce soir-là, un calme parfait pesait sur la forêt, elle seule échappant quelques bruits.
Les traces se divisèrent à un endroit, Stannis suivant donc celles de l’humain, espérant toujours un peu que ce soit uniquement un tordu et pas un autre être surnaturel qui viendrait rajouter du piment à sa soirée. Il avait fait le choix de sortir chasser seul, besoin aussi de se retrouver au calme sûrement. Voilà que le vent allait tourner contre lui, en le mettant en difficulté juste pour le faire regretter.
Voilà pourquoi le chasseur marmonnait silencieusement, continuant sa route sans émettre le moindre son avant d’arriver à une petite clairière. S’arrêtant net devant la scène qui s’offrait à lui. Un gamin avançait, en ce qui semblait être un pyjama, pieds nus comme escompté, la bouche à moitié ouverte, il pouvait presque voir un fin filet de bave s’en extirper. Stannis arqua un sourcil en le contemplant à distance, réalisant qu’il s’était inquiété pour rien : « Ouais il dort quoi… » Un somnambule, voilà ce à quoi il avait affaire ce soir, rien de bien inquiétant donc. Si ce n’est les restes d’un animal très certainement attaqué par le lycan à quelques pas du garçon. Stannis se redressa une fois qu’il fut assuré que le garçon n’était pas un danger, hésitant.
D’une part, il mourrait d’envie de le laisser là et de poursuivre sa chasse seul et tranquille, se focaliser sur sa traque, sur le lycan, en finir rapidement et boucler sa soirée rapidement. D’autre part, il se voyait mal laisser un gamin sans défense au beau milieu d’une clairière non loin du terrain de chasse d’un prédateur assoiffé de sang et dénué de raison. Quoique, s’il se pressait il avait plus de chance de l’arrêter rapidement et sauver le gamin. Stannis soupira en regardant une nouvelle fois le gars, s’aventurant à son tour dans la clairière, surveillant d’un œil les alentours. Il ne pouvait décidément pas le laisser, menaçant de se réveiller à tout instant, de paniquer et de se jeter seul dans la gueule du loup ou à chambouler sa chasse en hurlant en voyant les restes de biche non loin de lui. « On va le ranger rapidement et on reprend vite… » Marmonna-t-il en se postant devant le gars, reprenant à son égard cette fois, d’une voix sèche : « Oh. Debout. T’as rien à faire là. » Depuis quand les somnambules allaient aussi loin dans la forêt aussi… Mais il resta là sans boucher ni ciller. Stannis lui secoua l’épaule mollement. « Dépêche j’ai pas toute la nuit. » Rien, si ce n’est l’énervement de Stannis qui grimpait crescendo. Il devrait peut-être le laisser se débrouiller… Un humain de moins ou de plus… Il alla pour tourner les talons, mais non, il ne pouvait s’y résoudre et se retourna avant de le gifler, réussissant enfin à le sortir de son sommeil, ayant bien pris soin de dissimuler les restes de la biche au maximum pour pas le faire plus paniquer : « C’est bon t’es réveillé ? » Il le fixa froidement en lui montrant la clairière : « Quand on est somnambule on demande à être surveillé, on s’attache ou on se met des bâtons dans les roues. » Il inspira longuement pour ne pas plus marmonner et faire le désagréable avant de lui indiquer comment s’extirper de la forêt le plus rapidement : « Pour retrouver la civilisation, continue pendant 250 mètres dans cette direction, puis tu verras les arbres seront plus déplumés, faudra alors que tu continues sur 400 vers le Sud-Est, puis tu seras à la lisière. De là, trouve les lumières de la ville ou une route et tu rejoindras la ville. Ok ? » Opine sans attendre de réponse. « Bien. Traîne pas alors. »

Il s'était couché tôt pour être en forme et ne pas traîner des pieds de fatigue le lendemain matin. Il avait beaucoup de sommeil à rattraper à cause de ces foutus pouvoirs de banshee, ses insomnies à répétition ou encore ses veillées à traîner dans les bars jusqu'à pas d'heure. Il avait donc sérieusement besoin de repos, et cette nuit allait être une bonne nuit, il en était certain. Il s'était mis dans les meilleurs conditions pour, ça le devait forcément. Ainsi avait-il mis son pyjama préféré, soit un jogging usé et un tee-shirt Pokémon, et s’était-il couché dans ses draps propres, reniflant avec plaisir la douce odeur de la lessive. Il avait donc commencé sa nuit parfaite et optimisée pour être réparatrice, faisant de jolis rêves de paillettes et de papillons, s’imaginant courir après dans une clairière ouverte –peut-être avait-il été un peu trop influencé par la télé restée allumée sur la petite maison dans la prairie, nous ne saurons jamais.

Toujours étant qu’il ne s’attendait pas vraiment à se réveiller au milieu d’une forêt sombre, les pieds gelés dans la boue. Son réveil avait été quelque peu brutal, si bien que –trop concentré sur sa joue en feu- il n’avait pas tout de suite remarqué le bûcheron qui lui faisait face –certainement l’auteur de cette douleur vive qui parcourait sa joue. « Ca va pas de frapper les gens comme ça... » Il se massa la joue en dévisageant le malotru. Il n’était carrément pas gêner celui-là de coller des baffes délibérément ! Il le dévisagea alors qu’il l’engueulait déjà, lui faisant multiples reproches sur sa manière de dormir. Il était sérieux lui ? C’était qui pour juger ? Est-ce qu’il avait remis en doute son goût vestimentaire à lui ? Levi était donc vexé et congelé, avec une joue en moins. Quelle nuit ! Il l’observa alors qu’il entrait dans ses longues explications pour sortir de la forêt. Levi était bien trop occupé à grelotter pour se concentrer sur ses explications. Il était pas gonflé celui-là ! Et puis, comment il le trouvait le Sud-Est ?!

Le type opina alors que Levi ne lui avait encore attribué aucune réponse en lui disant de ne pas traîner. « Eh ! Eh ! Attends ! » Il se précipita vers lui pour essayer de le rattraper. « Et si le type qui l’a bouffé il revient pour moi aussi et qui me choppe en chemin ? Et si je me reperds ? Parce que, avoue que tes explications elles sont pas super claires. » Il glissa sur une branche en essayant de le suivre, s’étalant de tout son long sur le cadavre, les mains dans le sang. « Ieurk ! » Il regarda ses mains ensanglantées en se relevant et sursauta en entendant un grognement au loin, s’accrochant fermement à la seule personne vivement à proximité, soit : le bûcheron. Ce dernier était armé d’une arbalète –et non d’une hache, ce qui faisait tout de suite moins bûcheron- et pourrait donc le protéger. « Tu sais t’en servir de ton truc, dis ? » Levi l’observa de long en large et en travers, avant de lui sauter dessus en flippant un peu plus, apercevant deux grands yeux jaunes entre les arbres. « IL EST LA ! JE LE VOIS. MAIS TIRE DESSUS ! »

NB: Désolé j'étais en dèche de fiche et j'aime bien la tienne.

Stannis n’avait pas bougé assez vite, il aurait peut-être dû plutôt que d’attendre que le gamin l’écoute sagement et obéisse à ses instructions, n’avançant pas trop vite pour être sûr qu’il mettait ses ordres à exécution et qu’il ne serait plus dans ses pattes. « Eh ! Eh ! Attends ! » *Raté…* pensa-t-il en accélérant le pas, essayant de mettre le plus de distance entre eux deux, mais surtout entre ses jérémiades et lui… Jérémiades qu’il écouta malgré lui et qui lui firent froncer des sourcils et ralentir le rythme sans qu’il ne le réalise. « Et si le type qui l’a bouffé il revient pour moi aussi et qui me choppe en chemin ? » Comment savait-il que c’était bel et bien un type et pas un animal ? Certes, il n’était pas rare de trouver des humains informés de la vie surnaturelles qui s’exaltait dans la petite ville de Beacon, mais rare de trouver un humain qui sache et qui se permette de traîner dans la forêt à telle heure et telle période du mois… Il lui jeta un coup d’œil pour mieux détailler le gringalet. Inconsciemment suicidaire peut-être ? « Et si je me reperds ? Parce que, avoue que tes explications elles ne sont pas super claires. » Cette fois, Stannis leva ouvertement les yeux au ciel. Tout le monde fonctionnait par téléphone portable maintenant, les yeux rivés sur des écrans et pas sur ce qui les entoure. S’il avait été plus averti et dégourdi, il saurait de quel côté se lève, ou se couche, le soleil, quel point cardinal correspond à chaque et faire de lui-même, rapidement normalement, le calcul. A se demander s’il savait tous simplement ses points cardinaux…
Stannis n’eut pas le temps de lui faire un cours express et encore moins la morale que le gamin trébuchait pile sur le cadavre, c’est-à-dire un de ses indices pour en savoir plus sur le prédateur. *Je suis maudit. Ou bien il est maudit et il vient de me contaminer… Les deux sûrement.* Pensa-t-il dans un soupir en se frottant le crâne et s’arrêtant définitivement. Il alla pour le remettre sur ses pieds, se retenant de le choper par la peau du coup lorsqu’un grognement vint capter toute son attention. Il avait été déconcentré par le mioche caquetant et voilà qu’il n’avait pas été à l’affut des bruits environnants. Dans la seconde, le chasseur fit glisser son arbalète dans ses mains et l’arma, manquant de peu de faire tomber son carreau lorsqu’un poids vint peser sur son bras. « T’es une vraie plaie toi… » Grogna-t-il en tentant de le repousser ou du moins de le décrocher de son bras en le secouant vivement. « Tu sais t’en servir de ton truc, dis ? » Il alla pour répondre, mais n’eut à nouveau pas le temps que déjà il lui sautait dessus, faisant à la fois grogner le loup et le chasseur « Quand j’ai les mains libres, oui. » Siffla-t-il froidement en dégageant ses bras, le laissant accroché à son dos et rééquilibrant de suite sa trajectoire alors que le lycan s’emportait. « IL EST LA ! JE LE VOIS. MAIS TIRE DESSUS ! » Là, de suite, c’était sur lui qu’il avait envie de tiré… Mais le chasseur resta focalisé sur la bête. La soif de violence de cette-dernière était avivée par tant de bruits et de monde sur son lieu de chasse. Le loup s’élança à une vitesse folle, digne d’un oméga dénué de raison, mais Stannis avait déjà eu à faire à ce type de loup et savait aussi qu’ils n’étaient pas fins stratèges. Comme prévu, la bête fila en ligne droite, si bien qu’il put décrocher son carreau sans peine de plus de précisions et le toucha, la pointe venant percer le cuir robuste de sa peau pour se fracasser contre son os à l’épaule. « Fait chier… » Maugréa-t-il en tirant le gamin à sa suite pour sortir de la clairière et s’enfoncer dans les bois, profitant du hurlement de douleur du lycan et de son étourdissement dû à l’aconit tue-loup dont sa flèche était imbibée. De quoi leur faire gagner quelques minutes précieuses.
Il zigzagua entre les arbres pendant plusieurs longues enjambées avant de se dissimuler sous des buissons avec le gars, lui faisant signe de ne pas faire de bruit ou du moins chuchoter s’il en était capable. Il tendit l’oreille une seconde pour vérifier, ne percevant pas les grognements du loup, cela leur laissant quelques instants. « Tu vois, c’est pour ce type de rencontres qu’il vaut mieux jouer le somnambule chez soi gamin… » Chuchota-t-il en armant à nouveau son arme, plongeant ses deux mains dans la boue pour le recouvrir, expliquant avant qu’il se mette à râler, semblant doué pour cela : « Tu empestes l’humain, pour lui, tu es donc son casse-croûte numéro deux. » Voilà pourquoi il prenait le temps de frotter de la terre, de la mousse ou de l’écorce contre lui avant de partir en chasse. Ne pas être senti, devenir invisible et faire partie du paysage. Il contempla une seconde le garçon. « Avec toi ça va être dur de se faire oublier… » Il retint un nouveau soupir, pas le temps de plus se plaindre, il ne pouvait clairement pas le faire disparaître en un claquement de doigts…  « On va improviser. C’est pas de ta faute j’imagine. » Souffla-t-il en essayant de ne pas plus l’énerver, sortant de sa veste un couteau de chasseur, le fourrant dans ses mains avant de frotter de l’aconit contre la lame. « Je sais pas si tu sais vraiment ce qu’on vient de croiser, mais c’est un loup-garou. Je sais pas non plus si tu sais te défendre, vu ta réaction j’en doute, mais tu devrais savoir te démerder avec un couteau. L’aconit est néfaste contre les lycans. » Il le contempla une seconde en fronçant des sourcils, préférant être sûr. « Aconit, les fleurs bleues que je viens d’écraser. Néfaste ça veut dire que ça leur fait pas du bien. Lycan c’est la bête. » Il le fit serrer le poing contre le manche pour qu’il s’y accroche bien. « Tu la lâches pas et s’il s’approche trop près de toi, tu fais de ton mieux pour le blesser, c’est tout ce que tu dois savoir. Ah, et tu me lâches pas d’une semelle, mais t’avais l’air d’avoir déjà compris ça… » Il tendit l’oreille et le tira par le col pour qu’il suive, marchant doucement pour trouver un endroit où ils pourraient avoir le dessus sur le loup. Il l’entendait approcher et s’écorcha la paume pour étaler son sang contre l’écorce d’un arbre, avant de le tirer derrière un autre en retrait, inspirant longuement avant de viser la probable entrée du loup.

Il était fermement accroché à son cou, pas décidé à le lâcher, le secouant presque pour le forcer à réagir hurlant toujours avec panique « TIRE DESSUS PUTAIN ! » sans prendre conscience que cela ne faisait qu’énerver un peu plus la bête et même son supposé prince pas si charmant venu -ou pas- le secourir. Ce dernier tira enfin un carreau alors que la bête fonçait droit sur eux, la pointe venant s’enfoncer dans son épaule. Celle-ci ne semblait pas suffisante à freiner la créature, Levi l’avait bien remarqué, mais il était prêt à remettre en doute cette certitude en pour tenter d’obtenir un semblant d’espoir de la part de celui qui semblait être l’expert dans cette situation. Celui-ci ne lui laissa pas l’occasion de lui en faire la demande, le tirant à sa suite comme une fillette traînerait sa poupée de chiffon -une fillette avec une pilosité et une masse musculaire très développée bien-sûr. Levi pouvait entendre le hurlement de douleur de la créature derrière eux, au moins avaient-ils gagné un peu de temps. Certes, celui-ci se comptait en minutes, voire peut-être en secondes vu l’étoile sous laquelle Levi était né…

Stannis zigzaguait entre les arbres et le ban-he commençait à se sentir nauséeux par tous ces slaloms, finalement ravi une fois dissimulé derrière des fourrées, le plus âgé lui faisant signe de rester silencieux. Levi essaya du mieux qu’il put, reprenant bruyamment son souffle tout en observant son sauveur tendre l’oreille pour surveiller la venue du monstre avant de lui chuchoter : « Tu vois, c’est pour ce type de rencontres qu’il vaut mieux jouer le somnambule chez soi gamin… » Il rechargea son arbalète d’un nouveau carreau avant de plonger ses mains dans la boue. Levi ouvrit la bouche, tout en se concentrant pour chuchoter, pour lui demander ce qu’il faisait, avant de grimacer en se faisant recouvrir de la matière gluante, la bouche toujours ouverte dans sa surprise, de la terre venant rencontrer ses papilles avant de la recracher dans un : « IEURK ! » Il regarda son bourreau lui expliquer tel rituel ragoutant. Casse-croûte numéro deux. C’est sûr que maintenant, il paraissait beaucoup moins appétissant, mais il n’y aurait pas eu grand-chose à dévorer de toute façon. Il l’avait bien regardé franchement ? Si lui-même était une bête affamée, il aurait parié sur le baraqué bien qu’armé plutôt que sur le grand maigrichon. Une nouvelle réflexion fusa à son adresse et Levi s’abstenu donc de faire part de sa théorie. Il n’était pas gêné n’empêche ! Il n’était pas si bruyant habituellement. Mais qui resterait calme et paisible avec cette scène tout droit sortie de « Underwold ». Il amplifiait un peu. Les lycaons dans ce film étaient quand-même bien plus terrifiants. Il se serait sûrement évanoui de peur avant même de pouvoir pousser le moindre cri.

Le soupir de son compagnon le fit sortir de son débat intérieur mais ses mots qui suivirent le firent sourire. Bien sûr que ce n’était pas de sa faute ! Il se tuait à lui dire. Par télépathie. Il lui mit un couteau entre les mains. Pour le coup, il lui faisait peut-être un peu trop confiance… Levi le dévisagea alors qu’il lui débitait déjà ses consignes sans que ce dernier les écoute, trop occupé à constater que ce dernier avait tout juste repris son souffle dans ses explications. Après une pause, Levi sorti de sa réflexion et leva les yeux vers son interlocuteur qui le contemplait en gardant un court instant, les sourcils froncés, avant de simplifier ses explications comme s’il s’adressait à un attardé, faisant grogner le plus jeune : « Ça va, je suis pas complétement con non plus. » Il se fit totalement ignoré et l’homme se contenta de lui faire serrer le poing autour du manche de l’arme de fortune en le noyant sous de nouvelles consignes. Il répéta machinalement pour prouver sa bonne foi : « Pas lâcher, blesser, pas lâcher. Pigé. » Pas plus de réaction, même pas un petit élan de fierté, et puis, Levi commençait vraiment à se demander pourquoi il se faisait autant chier pour lui plaire… Peut-être parce qu’il était le seul à pouvoir le garder en vie pour le moment ? Sûrement. Il se fit tirer par le col sans ménagement et observa son baby-sitter du soir s’ouvrir la paume pour la frotter contre un tronc d’arbre. Il était sérieusement en train de l’attirer là ? Levi ouvrit la bouche pour protester, une pointe d’inquiétude dans la voix. « Pourquoi on l’attend…? Pourquoi on se tire pas plutôt ? » Sa voix tressautait, non pas par la panique, bien que ça aurait pu être envisageable, mais par ses grelottements intempestifs, son pyjama le réchauffait que trop peu, encore moins maintenant qu’il s’était vu s’offrir un masque de boue. Il n’eut pas vraiment le temps de s’en plaindre également puisqu’un grondement sourd se fit entendre derrière lui, le faisant sursauter brusquement, tendant la lame instinctivement dans la direction du grognement avant même de voir de quoi il s’agissait. Il tenta de se reculer pour se réfugier derrière son chevalier servant mais se fit agripper le bras par le loup, ses crocs se plantant fermement dans sa chair et lui arrachant un long hurlement. Tout le monde qui connait bien Levi sait que celui-ci possède des cordes vocales de compètes, même avec ses pouvoirs de banshee en mode off. Il en donna la preuve à ce moment précis. Tant que le loup le lâcha pour se reculer, alors que Levi planta et replanta sa petite lame tantôt dans l’air, tantôt dans le loup avec une panique sans égale en répétant en boucle. « Crève. Crève. Crève. »

Peut-être le chasseur avait-il un peu trop exagéré ses explications, mais ne valait-il mieux pas être le plus prudent possible ? Après tout, s’il ne l’était pas, il se retrouverait avec un deuxième corps sur les bras. Et bien que le gars soit au mauvais endroit au mauvais moment et pas forcément le plus futé qu’il soit, Stannis se devait de se l’avouer, il était plutôt marrant. Du moins, ses réactions l’étaient comme celle qu’il arborait, vexé d’avoir été pris pour un enfant. Stannis ne prit pas le temps de relever ou de répondre, préférant jouer l’indifférent pour resté concentré sur le plus important de cette rencontre et de cette soirée aka le lycan qui les chassait, d’autant plus hors de lui qu’il ne l’était déjà à cause de la lune… Il lui accorda malgré lui un regard, l’un de ses sourcils arqué alors qu’il débinait : « Pas lâcher, blesser, pas lâcher. Pigé. » Il semblait pourtant faire des efforts pour ne pas trop l’ouvrir et pourtant, quand Stannis se blessa pour attirer le loup dans un coin stratégique et les plaça en arrière pour le prendre par surprise, le gamin ne put s’empêcher de faire une remarque : « Pourquoi on l’attend… ? Pourquoi on se tire pas plutôt ? » faisant inspirer longuement le chasseur qui pensait qu’il allait foutre son plan à l’eau à force de l’ouvrir. Ok il avait l’air sympathique, mais quel moulin…
Il alla pour lui plaquer sa main pleine de boue sur la bouche pour le forcer à se la fermer mais il était déjà trop tard. Le lycan n’était pas stupide non plus apparemment… Il savait à qui il avait affaire et il s’était montré plus stratégique et réfléchi que prévu. Au lieu d’apparaître sous les yeux, son grognement siffla derrière eux, retournant la situation, voilà que lui les prenait par surprise, les deux n’étant pas installés de la manière la plus stratégique qu’il soit vu que le supposé protégé était derrière Stannis, c’est-à-dire au plus près du loup… « Putain de m-… » Bien que les réflexes de Stannis aient une certaine réputation, il était loin d’égaler la vitesse d’un garou… Le chasseur fut donc pris de court, cherchant à attraper le garçon pour le remettre derrière lui, mais le lycan lui arrachait déjà la peau de ses crocs, le faisant hurler. Ça pour hurler c’est sûr que c’était un sacré hurlement… Même Stannis fronça des sourcils, cherchant à sauver au moins l’un de ses tympans sans pour autant lâcher le garçon, qu’il ne se fasse pas traîner trop loin de lui. Mais le loup ne le tenait déjà plus, comme affecté par son cri : « C’est pas possible… » Murmura pour lui-même Stannis alors qu’une hypothèse lui traversait l’esprit. Une bientôt suivie de plusieurs. Un cri aussi puissant était d’ordinaire signe de banshe. Mais il s’agissait bien là d’un garçon… Deux solutions s’offraient alors au chasseur, un ban-he, mais la rareté du genre masculin le poussait à douter, ou alors une femme transgenre, mais alors là le boulot était sacrément bien fait…
Quoiqu’il en soit, là encore n’était pas la question, et donc Stannis s’obligea à se concentrer à nouveau sur ce qu’il se passait, bien qu’en soit… Il s’avéra presque inutile au final… Déjà le gamin, par réflexe sûrement ou instinct de survie sous l’effet de l’adrénaline, plantait encore et encore son couteau dans la bête, du moins essayait puisqu’il ne visait pas vraiment. On pouvait lui pardonner vu l’état de son bras. Stannis prit sa place, le poussant derrière lui avant de choper le loup pour l’éloigner lui ouvrant la gorge de sa lame après avoir fichu un de ses carreaux dans son œil. Il ne prêta pas attention au lycan qui rendait son dernier souffle, reprenant forme humaine, s’affairant déjà à s’accroupir aux côtés du gars pour s’occuper de ses plaies : « En effet, t’es pas con, tu sais te défendre du moins, t’as bien chopé le truc… Félicitations, t’as son sang sur les mains, tu vas te payer toute la meute à tes trousses maintenant… » Il lui poqua l’épaule maladroitement, il essayait de le calmer en faisant preuve d’un minimum d’humour et de sympathie, enfin, minimum pour certain, mais c’était déjà beaucoup pour Stannis. En réalité, il était inquiet. Après tout, il avait affaire à une morsure de lycan là… Qui dit morsure dit descendance à la clé… Il grogna en serrant des bandages contre sa peau après avoir nettoyé les blessures. Il ne le voyait pas vraiment en lycan, il allait paniquer et devenir incontrôlable… Et il ne pouvait même pas se rassurer derrière l’idée que les plaies étaient superficielles parce que ce serait se voiler la face… Il resta de marbre un instant avant de se redresser pour lui tendre la main : « On va passer chez moi. J’aurai de quoi te faire des points de sutures au moins là-bas… et tu seras au chaud… » Il se prit un vent, encore une fois, il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Pour un humain lambda, c’était une sacrée soirée qu’il venait de subir, seulement à cause de somnambulisme… Il s’accroupit à nouveau, jetant des coups d’œil à sa tête puis à ses bandages : « T’as un prénom au moins ou je continue de mentalement t’appeler le môme ou le gamin ? »