Levi & Ashton | I do believe this world ain't done with us.

32… 32…

Il avait grimpé bien vite les étages, à se demander s’il n’avait pas usé de la téléportation pour passer plus vite certains escaliers. Ça avait été clairement le cas. Il maîtrisait un peu plus, mais là, l’émotion était telle qu’il n’était sûr de rien. Il marchait dans le couloir, ses yeux rivés sur les numéros gravés des appartements, se stoppant net avec un petit sourire content quand il arriva enfin devant celui tant attendu. Maintenant, il allait pouvoir se reprendre un peu devant avant de…

Putain, mais quel con !

Se dit-il alors qu’il s’était empressé de toquer contre le panneau de bois, se frappant violemment le front de la paume, maudissant son statut de fantôme qui l’empêchait de vraiment avoir mal.

Normalement Zeph, on réfléchit un minimum à ce qu’on va dire avant de débarquer d’entre les morts…

Réfléchir ? Il n’avait pourtant pas manqué de le faire depuis qu’il était revenu de l’autre côté, qu’il s’était retrouvé en chair et en os parmi les vivants, appréciant de ne plus être snobé. Il n’y avait pas réfléchi de suite le voile passé, ses parents avaient été sa priorité, mais juste après venait bien sûr Levi. Combien de fois il avait pété des câbles à le voir sans pouvoir le toucher, à lui parler sans qu’il ne l’entende, à hurler sans qu’il ne puisse lui répondre. Alors maintenant qu’il était revenu, comment ? Il n’en savait rien et s’en foutait pour l’instant, il allait enfin pouvoir le retrouver, le récupérer et le garder sans que qui que ce soit vienne à nouveau les séparer.

C’était Elliot qui avait réussi à retrouver Levi pour lui. Non seulement il l’avait aidé à changer d’identité, mais le fantôme avait un peu plus abusé de son aide en lui rajoutant son ex-copain à chercher. Il se voyait mal errer sans savoir où aller et perdre plus de temps qu’ils n’en avaient déjà perdu. C’était donc un sac rapidement jeté sur son dos avec ses nouveaux papiers, sa nouvelle identité et l’adresse à la main qu’il avait quitté sa ville pourrie natale pour prendre la direction de Beacon. A peine avait-il passé les portes de la ville qu’il s’était pressé de rejoindre l’appartement.

Oui, sur la route il avait réfléchi à plusieurs scénarios possibles pour ces retrouvailles. Un Levi complètement flippé qui lui claquerait la porte au nez. Un Levi en pleurs qui lui sauterait au cou. Un autre mec lambda supposé être son remplaçant que Ash se ferait une joie de faire voler. Un appartement vide et Levi parti qui finirait par appeler les flics en voyant un type bizarre squatter le pas de sa porte. Et autres scènes possibles. Il avait eu plus de mal à imaginer sa phrase d’accroche, les premiers mots qu’il lui sortirait après 6 mois en tant que décédé.

Hey, je suis pas mort ! Enfin si, mais je suis là maintenant ! On se remet ensemble ?

Rien de bien subtile. Même lui réagirait très mal à ça.

Hey, I’m Ash now. I’m dead. Wanna hook up?

Un peu beaucoup du plagiat. Il avait aussi envisagé l’idée de pas parler et simplement le serrer fort contre lui, mais il risquait de se prendre une poêle en pleine gueule. Qui réagirait autrement en voyant un mort plus ou moins pimpant vouloir un câlin…

Et s’il ne me reconnaît pas…

Voilà qu’il y pensait que maintenant, figé devant la porte, le doigt pressé contre la sonnette en se rendant compte qu’il ne répondait pas.

Joue pas les absents maintenant Levi please. Et t’as intérêt à te souvenir de moi…

Il ne pouvait pas l’oublier aussi facilement quand même. Il avait un peu changé, il était plus palot et avait opté pour une couleur de cheveux différente, se moquant un peu de son statut de fantôme, mais sinon il était le même qu’il y a six mois. Son prénom et son nom étaient différents, mais ce n’était pas marqué sur sa face non plus… Ashton n’eut pas le temps d’y réfléchir plus longtemps, lâchant enfin prise sur la sonnette alors que la porte s’ouvrait, le faisant presque sursauter alors qu’il se retrouvait nez à nez avec Levi. Il ouvrit la bouche, mais aucun son ne s’extirpa de sa gorge. Il resta là à le fixer un instant, avant de réaliser combien il devait paraître ridicule. Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il retirait ses lunettes pour dégager son visage et lâchait bêtement un :

Panique pas. C’est moi. Tu n’hallucines pas. C’est Zephyr…

Ouah. Décidément, il aurait pu mieux faire. Pas moyen de revenir en arrière maintenant ? Ce n’était pas l’envie qui manquait pourtant. Les dés étaient lancés. Il restait juste à espérer qu’il se paye pas la porte en pleine tronche…

Ashton retint, avec certaines difficultés, le soupir de soulagement qui cherchait à s’extirper de ses lèvres. Il ne lui avait pas claqué la porte au nez, ce n’était pas rien, mais plutôt une petite réussite pour le fantôme. Même si sa remarque sur les dires d’une hallu le piqua un peu. Levi, toujours aussi piquant, à quoi donc s’attendait Ashton.

Ouais, mais l’hallu elle n’aurait pas autant de classe.

Lui sourit-il alors que le brun lui prenait la main pour le faire rentrer. Qu’est-ce que le contact de sa peau contre la sienne lui avait manqué. Il regarda leurs mains liées sans perdre son sourire. Il avait essayé encore et encore de le toucher quand il s’était retrouvé de l’autre côté, hurlant de colère en passant au travers de la sienne, pleurant de rage lorsqu’il n’arrivait même pas à l’effleurer. La frustration l’avait rendu fou, ne laissant pas tomber pour autant, s’entêtant quitte à s’user de plus belle le crâne. Oui, ces six mois dans cet état fantomatique ne lui avaient pas fait beaucoup de bien au mental. Il se retenait avec autant de mal de ne pas échapper un rire nerveux, un peu fou d’enfin pouvoir le toucher, de ne pas rêver ce contact, qu’il soit enfin réel.

Ashton mit un terme à sa contemplation pour regarder non plus sa main, mais lui, Levi. Se perdant donc dans une nouvelle contemplation qu’était celle de ses traits si joliment dessinés. Encore une fois perdu donc, c’est pourquoi il n’écouta pas un traitre mot de sa phrase suivante et ne releva pas plus la question. Une légère esquisse restant sur ses lèvres alors que ses yeux voyageaient partout sur sa peau, ses yeux, son sourire, élargissant le sien quand il se mit à rire. Il le serra fort contre lui alors qu’il s’élançait dans ses bras, ces-derniers venant automatiquement se placer, l’un sous ses fesses par pure envie, l’autre autour de sa taille pour ne pas le lâcher, pour ne pas qu’il tombe, pour qu’il reste le plus longtemps contre lui. Il réussit par contre à être attentif lorsqu’il lui demanda de trouver un moyen de prouver qu’il était bel et bien réel et qu’il ne sombrait pas dans la folie.

Euh… Je t’avoue que je n’ai pas réfléchi à ça non plus sur le chemin.

Déclara le fantôme, très peu préparé à ces retrouvailles, en fronçant des sourcils. Plissant un œil alors que les dents de Levi vinrent piquer la peau de son menton, appréciant bien plus la douceur du bisou qui suivit. Rigolant :

Je te déconseille de me manger, je dois être un peu périmé… Mais tu peux me mordre, ça prouve bien que je suis là. Et je t’empêcherai de devenir timbré, j’ai cru le devenir et je ne te veux surtout pas ça.

Ashton le serra un peu plus fort contre lui en disant cela, son visage allant par habitude se cacher dans le creux du cou de Levi, inspirant longuement son parfum, caressant le grain de sa peau du bout du nez. Un frisson parcourut son échine alors qu’il l’entendait dire de ne plus jamais lui refaire ça. Il n’osait imaginer ce qu’il lui avait fait subir malgré lui… Ce n’était pas son choix, il lui ferait bien comprendre, mais qu’est-ce qu’il s’en voulait malgré tout…

Il esquissa un sourire triste en le serrant d’autant plus fort, déposant un baiser dans son cou à défaut d’avoir accès à ses lèvres. Entrant un peu plus dans le studio en le gardant dans ses bras, son sourire s’allongeant, presque fier, lorsqu’il ne remarqua personne d’autre dans l’endroit et relevant uniquement des affaires de Levi, ne parvenant pas à retenir son soupir cette fois.

Je t’avoue aussi que j’ai eu peur que tu te sois trouvé quelqu’un d’autre pour combler le manque de moi… Même si je n’aurai pas pu t’en vouloir de m’avoir remplacé. D’avoir essayé surtout.

Il esquissa un sourire en coin en lui tirant légèrement la langue. Il était toujours un peu imbu de lui-même à ce sujet-là, mais là ce n’était pas tant ça, mais plutôt son désir de retrouver une ambiance fluide et normale entre Levi et lui. Normale… C’était difficile de penser que ça allait pouvoir l’être. Déjà à l’époque ils étaient un banshee et un sorcier raté, rien de bien normal. Alors, en quoi un banshee et un fantôme se rapprochaient de la normalité cette fois ?

Il n’en savait rien, mais il était certain d’une chose, il voulait juste se retrouver avec lui, profiter de lui et le redécouvrir à nouveau. Il jeta un regard aux affaires de Levi, une chose était certaine, il n’avait pas tant changé en six mois, du moins il gardait les mêmes habitudes de bordel organisé. Il échappa un petit rire en s’abstenant de dire quoique ce soit, n’étant lui-même pas mieux, s’asseyant sur le canapé-lit sans demander la permission, le redressant pour pouvoir mieux le voir.

Je suis pas revenu d’entre les morts pour admirer ton brushing Levi…

Chuchota-t-il en caressant ses cheveux, remontant ses doigts le long de sa tempe et de sa joue pour découvrir à nouveau son visage, ses yeux s’aventurant à nouveau à explorer ses traits et se perdre dans son regard. Il esquissa un sourire en lâchant un :

Hello you. Je sais, tu dois avoir des questions, mais là j’ai juste envie de ça…

Venant chercher ses lèvres pour enfin avoir droit à un baiser, ses doigts venant s’accrocher fermement à son t-shirt, enivré par ce contact qui le hantait depuis des mois. N’espérant qu’une chose, qu’il n’était pas sujet à son cerveau maltraité et ses délires.

L’embrasser était devenu une nécessité. Il avait beau l’avoir sous les yeux, cela ne faisait pas tout. Après tout, lorsqu’il était de l’autre côté, il n’avait pas manqué de l’observer, il n’avait pas manqué de l’imaginer lui répondre, le toucher… Mais ces illusions étaient amères comparées à ce à quoi il avait le droit désormais. Il le sentait vraiment, il sentait la chaleur émaner de sa peau, son souffle se mêler au sien lui faisant de plus belle tourner la tête, le forçant à fermer les yeux pour se focaliser sur leur contact, se forçant à s’éloigner quand le souffle vint à manquer à Levi.
Il resta immobile un instant, refusant de rouvrir les yeux, craignant qu’il disparaisse sous ses yeux, que son imaginaire se soit joué de lui, serrant un peu plus le tissu du haut de Levi entre ses doigts avant d’oser ouvrir ses paupières, échappant un léger soupir en le voyant toujours dans ses bras. Il avait bel et bien réussi, il était bien avec lui, qu’est-ce qui pourrait l’arrêter maintenant ? Il allait pour en demander plus avant de comprendre ce qui pouvait, en effet, l’arrêter. Levi, tout simplement…

Les questions ne manquaient pas, il ne pouvait pas lui en vouloir, après tout, si les rôles avaient été inversés, Zephyr aurait agi exactement de la même manière envers Levi. Il n’y aurait pas cru, mais surtout, il aurait voulu comprendre, être assuré qu’il n’était pas une simple apparition résultant de sa tristesse, mais bel et bien celui qu’il aimait en chair et en os. C’est pourquoi Zephyr ne le coupa pas, écoutant chacune de ses questions, attendant la fin de son flot d’interrogations pour prendre à son tour la parole.

Sa mâchoire se serra lorsqu’il évoqua sa mort, n’osant finir sa phrase, mais il n’en avait pas besoin, l’un comme l’autre savait apparemment parfaitement qui avait ôté la vie de Zeph. Eux ne pouvait être que ses parents, il le comprenait au regard baissé et gêné de son copain. Il leur en voulait tellement, même les tuer n’avait pas apaisé sa colère, ils lui avaient tant arraché, mais surtout ils l’avaient empêché d’être avec Levi, et cela était pire qu’impardonnable pour Zephyr. Avec les mots, l’angoisse commença à happer Levi, le faisant perdre le contrôle et s’agiter de plus en plus, le fantôme se redressant lentement sans oser le couper pour autant, sachant qu’il avait besoin d’extérioriser, de parler, de s’occuper.

A la dernière phrase de Levi, il vint dans son dos pour cacher son visage dans sa nuque, inspirant à nouveau son odeur pour répondre patiemment à chacune de ses questions la première n’étant pas la plus simple… Il n’aurait jamais dû partir… Jamais…

Je suis désolé d’être parti, j’ai cru que…

Il s’accrocha un peu plus à lui, la colère le tendant encore plus en y repensant. Qu’est-ce qu’il avait pu être stupide et crédule… Il reprit plus sombrement :

Qu’ils avaient changé, que ça allait bien se passer, se finir, que je pourrai enfin vraiment tourner la page et ne plus être hanté par eux, mais au final, comme t’as pu le constater par ce qu’ils ont fait, ils étaient juste devenus pires… J’ai pas envie de te raconter ce qu’ils m’ont fait, ça ne te fera pas de bien, et ça ne servirait à rien, ils ont payé, c’est le principal non ?

Ajouta-t-il en relevant la tête pour tenter de croiser son regard. Une fois le café prêt il lui remplit sa tasse, détournant le regard alors qu’il allait se devoir de lui dire la vérité sur ce qu’il était… Espérant secrètement que ça ne le répugnerait pas, ne l’éloignerait pas de lui… Ce n’était pas possible hein ? Après tout, c’était Levi, il l’aimerait quoiqu’il arrive… non ?

Je n’ai pas faim… je n’ai pas soif… Je n’ai pas vraiment compris comment j’ai fait pour revenir… J’étais là, sans être physiquement là, je pouvais voir, je pouvais entendre, si je me concentrais bien je pouvais te suivre, mais j’avais beau t’appeler, j’avais beau essayer de te toucher tu ne me voyais pas… tu ne m’entendais pas… tu ne me sentais pas… C’était juste…

Il tut le reste de sa phrase, Levi n’avait pas besoin d’entendre la suite, alors il inspira longuement et, avec un sourire et une expression plus douce, il reprit, s’adossant au comptoir pour continuer de répondre :

Je suis un fantôme, tu l’as sûrement remarqué, je suis loin de la température d’un être humain vivant… Désolé…

Il se frotta le front, à son tour mal à l’aise, détournant le regard. Et s’il le prenait mal, s’il n’aimait pas la tournure des choses, et s’il l’horrifiait par ce qu’il était et ce qu’il avait fait à ses parents ? Et surtout, pourquoi il y pensait maintenant alors qu’il venait de tout déballer… Il pesta contre lui-même en se redressant, faisant les cents pas pour s’occuper, tirant sur ses doigts :

Désolé je suis pas clair, ça doit plus t’effrayer qu’autre chose, mais… je sais pas c’est difficile à expliquer… Ce que je sais, ce que tu dois savoir c’est que jamais je n’ai voulu te faire souffrir comme je t’ai fait souffrir, jamais je n’ai voulu te briser comme tu l’as été avec ma mort et… Je suis si désolé d’être parti Levi…