Je ne suis pas un grand bavard, et encore moins lorsqu’il s’agit de parler de moi. Mais je vais faire un effort, après tout, je tourne aujourd’hui une nouvelle page de mon histoire, alors je peux me permettre un petit regard en arrière non ?
ENFANCE Comme tout être humain j’ai une mère et un père. Bon, par contre, ils ne portaient que ce titre car niveau caractère ni l’un, ni l’autre n’avait l’étoffe d’un parent aimant et attentionné. Il faut dire qu’ils m’ont eu dans des conditions de vie plutôt extrêmes. Enfin je ne sais pas si c’est vraiment une excuse. Si ma mère avait pu avorter, c’est certain qu’elle l’aurait fait. Mon père, je ne sais rien de lui, apparemment c’était l’un des clients de ma mère…
Bref, quand je suis né j’ai donc eu qu’à faire à ma mère, une prostituée qui ne m’a gardé que pour se faire un peu d’argent sur mon dos. Après tout, on donne plus à une femme qui fait la manche avec un poupon dans les bras, enfin c’est ce qu’elle disait. On était pauvre, on galérait à vivre et à garder un semblant de toit au-dessus de la tête. Mais malgré tout cela j’ai grandi, je suis devenu un petit garçon à l’écoute de ma mère, même s’il m’arrivait de m’enfuir lorsqu’elle se laissait aller sur la bouteille et ne répondait plus trop de ses faits et gestes. Malgré cela, je n’ai jamais fugué, je suis toujours revenu, pour la simple raison qu’elle restait ma mère, elle s’occupait de moi, elle aurait pu m’abandonner en voyant que je lui faisais plus perdre que gagner, mais elle m’a gardé alors je me devais bien de lui rendre la pareille, vous pensez pas ? Enfin, votre avis m’importe peu maintenant. A cette époque j’étais seule avec elle, personne ne s’est intéressé à moi, ne m’a tendu la main. Alors c’est pas de belles paroles aujourd’hui qui vont changer la donne.
Passons. On cohabitait, pas de liens ultra-fusionnels entre nous, juste une entente ponctuée de mauvaise humeur et de poussées d’hystérie. Sinon, la vie à la rue. On squattait pour dormir, entrepôt, hôtels, devanture de magasins, on avait rien de précieux, rien qui ne nous appartienne réellement. Je ne m’en suis jamais plaint, en même temps, dans les rues de Chicago, j’étais loin d’être le seul gamin dans cet état. Je ne me faisais jamais d’amis de longue durée. Chacun bougeait, certains abandonnés étaient récupérés par les services sociaux ou finissaient au Shriners hospital… J’ai quand même eu de quoi me divertir. Il suffisait juste d’avoir un peu d’imagination pour se créer des jouets ou des jeux sortants de détritus et autres débarras !
ADOLESCENCE Je passe vite, en même temps, je n’ai pas eu une vie super palpitante ! Grandir dans la rue ce n’est pas facile, on devient très rapidement pickpocket, voleur, braqueur, dealeur, bref de la mauvaise graine. J’ai un peu touché à tout, j’avais pas le choix, je n’avais pas l’âge pour bosser, de moins en moins de gérant se faisaient avoir lorsque je leur présentais une fausse carte ID et en plus ma mère avait trouvé bon de me faire une dépression. Donc je ne pouvais plus compter sur personne d’autre que moi-même.
Travail au noir, entourloupe, règlements de compte, j’en ai des belles des histoires, mais pas des très joyeuses non plus. Je n’étais pas fier de faire tout ça, au contraire, je n’adhérais pas, mais faut bien se nourrir, fallait bien que je m’occupe de ma mère en plus. Alors j’ai pris sur moi. Mais jamais je n’ai fait partie à part entière à ces espèces de gang des rues, ces rassemblements puériles finissant aux échanges armés ou à mains nues c’était très peu pour moi. Ça n’a d’ailleurs pas plu que je refuse toujours catégoriquement de me mêler de ces deals, alors ça c’est retourné contre moi. Si tu ne rentres pas dans le moule, on t’y fait rentrer de force dans cette vie.
L’avantage c’est que j’ai eu l’occasion de participer à plusieurs bagarres, combats, que ce soit pour soutenir un de ces ‘gangs’ dont l’idée me convenait ou alors pour montrer que même sous la pression je ne rentrerais pas dans ce moule et resterais en solo. C’est de là que viennent toutes mes cicatrices, certaines résultent de coups de couteaux, en tout cas pour la plupart, il y en a malgré tout une qui est le résultat d’une balle et une balafre signée au tournevis. Ça m’a laissé de sacrés souvenirs cette petite vie, mon histoire tatouée dans ma peau dans un sens… Puis faut l’avouer, les cicatrices, ça intrigue la gente féminine…
De sacrés souvenirs, mais pas que des sombres. Faut pas croire que la vie dans la rue c’est violence H24. Plus je grandissais, plus ma mère sombrait et plus j’étais pris d’affection pour elle, ce même si elle ne me le rendait pas du tout. J’étais assez apprécié dans les rues, contre toutes attentes mon sens de la justice et mon refus de faire le mouton hébété m’a valu pas mal d’amitiés sincères et chères. Ça m’a surtout construit tel que je suis aujourd’hui alors même si ce n’était pas facile tous les jours faut avouer que je ne regrette en rien la vie que j’ai eu.
Bon pour en finir avec l’adolescence, ça c’est fait lorsque ma mère s’est suicidée, elle l’a fait en beauté, veines taillées à la verticale, portant une jolie robe qu’elle avait volé dans je ne sais quelle laverie, maquillées comme un pot de peinture, gisant dans un bain de sang dans la piaule que je nous avais dégotté. Je n’ai pas pleuré, pas mon caractère, ça m’a fait de la peine de ne pas avoir réussi à l’aider, à la faire survivre comme elle m’avait fait survivre. C’est à partir de ce moment-là que j’ai décidé de vraiment reprendre ma vie en main.
RENOUVEAU Ce qui est bien lorsqu’on a une belle gueule et qu’on se la joue bad boy c’est qu’on attire les bourgeoises curieuses, il suffit de se la jouer légèrement gigolo, de plaider sa cause et voilà qu’on est inscrit à une prépa du soir pour prendre des cours de base de gestion. J’avais un bon plan, j’en avais assez de dépendre des autres pour me faire de l’argent, alors pourquoi pas ouvrir mon propre business ?
C’est ce qui s’est fait, je me suis découvert élève studieux bien qu’allant qu’à une prépa donnant des cours du soir, je n’avais pas besoin de diplôme, pour moi un bout de papier c’est rien, ce qu’il me fallait, c’était juste quelques bases pour pouvoir me lancer. Il m’a fallu quelques années, ça n’a pas été facile bien sûr, sinon la vie serait trop belle. Mais après avoir bossé dans des bars, des boîtes, avoir vu comment fonctionne le métier, m’être renseigné auprès de contact et après avoir suivi mes cours, je pouvais enfin mettre mon projet en route.
J’ai monté ma propre boîte de nuit à Chicago. J’avais 27 ans, j’ai permis à pas mal de potes de bosser avec moi pour se faire de la tune. Ça n’a pas été facile au début, après tout on parle de Chicago ! Ce n’est pas le bled du coin… donc il a fallu se faire une place mais ça c’est fait. Je me suis sorti de la rue, j’ai même eu de quoi me payer un appartement modeste, pas mal non ?
Mais surtout j’ai réussi à aider pas mal de personnes comme moi. Ce qui est dur lorsqu’on est à la rue c’est se faire accepter pour un job, on ressemble à rien, notre douche remonte à plusieurs jours, on est cerné jusqu’aux dents et c’est à peine si les employeurs ne nous claquent pas la porte au nez. Mais je n’ai jamais fait ça, après tout je l’avais vécu, je sais ce que c’est alors je tendais la main à ceux qui en avait besoin comme j’aurais apprécié qu’on me la tende plus souvent.
Bref, entre gérer mon bar, aider les pauvres traînant dans les rues, gérer les tensions dans lesquelles se fourraient mes potes, mon emploi du temps était pas mal chargé. J’ai quand même réussi à lui faire de la place à elle. Sachez-le, je ne suis pas un pro du sentimental, j’ai jamais été très sérieux en ce qui concerne mes relations amoureuses, si on peut les définir ainsi. Mais voilà qu’un jour, une blondinette du nom de Caroline, une de mes grandes amies à Chicago m’a présenté une de ses amies. Une bien jolie plante du prénom de Rebekah. Contre toutes attentes je me suis laissé aller et on a fini par se mettre ensemble. Ça me semblait presque inévitable, il aurait fallu être con pour laisser filer aussi jolie demoiselle, mais surtout aussi intéressante et envoutante.
Nous avons passé deux ans ensemble, à Chicago, toujours gérant de mon bar, dans un petit appartement qui ne payait pas de mine où elle passait souvent ses nuits, mais on y était heureux. La belle vie, que demander de plus ? Mais, apparemment je n’ai jamais été fait pour me poser parce qu’alors que j’allais proposer à ma demoiselle de venir vivre définitivement chez moi, voilà qu’elle me filait sous le nez prenant la direction d’un bled du nom de Mystic Falls pour aller régler quelques soucis familiaux.
Je l’ai laissé filé, bien sûr, espérant qu’elle ne tarde pas à revenir, mais elle s’est faite espérer… Alors j’ai pris la décision de quitter Chicago pour aller la chercher ou du moins la retrouver, essayer d’en apprendre un peu plus sur elle et sa famille dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à ce qu’elle quitte Chicago… Je ne pensais pas que je resterais aussi longtemps. Ni que ma vie prendrait un tel tournant.
MYSTIC FALLS A peine arrivé que je filais déjà la retrouver… Nous n’avions pas passé beaucoup de temps séparés et pourtant elle m’avait terriblement manqué. C’était les parfaites retrouvailles, elle était heureuse de me revoir et je pouvais carrément en dire autant. Mais nous ne sommes pas repartis, comme je le pensais, pour Chicago. Je n’ai pas non plus pu rencontrer ses proches. Encore une fois, je n’ai eu droit qu’à des explications un peu floues de sa part. Mais je m’en contentais. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas par amour… C’est ridicule quand même de dire ça.
J’attendais donc qu’elle gère ses problèmes, rencontrant pas mal de personnes en attendant, me décidant même à reprendre en main la boîte de nuit de la ville. Ça n’avait rien à voir avec Chicago, c’est comme comparer le jour et la nuit, mais ça me faisait de petites vacances, je savais que mon club là-bas était entre de bonnes mains et au moins, dans ce bled, j’étais avec Rebekah.
Rien à redire jusque-là, tout allait plutôt bien, jusqu’à ce qu’un soir on décide d’aller boire un verre au bar de la ville. C’est là que j’ai découvert toute la vérité sur la belle Rebekah. C’est jamais l’éclate de tomber sur l’un des exs de sa copine. Ça l’est encore moins quand il s’avère être un psychopathe taré, vieux de je ne sais plus combien de siècle, suceur de sang. Oui, un vampire. C’est déjà un sacré choc faut l’avouer. Voir sa copine balancer le type à travers une salle, l’est aussi, mais encore plus cette dernière te force à boire de son sang pour te guérir. Puis hypnotise les témoins pour qu’ils ne se souviennent de rien.
S’en est suivi notre première véritable dispute. Je n’arrivais pas à accepter tout ce que j’apprenais sur elle. Qu’elle avait plus de mille ans, qu’elle pouvait hypnotiser, qu’elle se nourrissait de sang humain, tout… je n’arrivais pas à m’y faire. Je n’arrivais pas non plus à lui faire confiance. Elle me parlait d’hypnose. Elle me jurait ne jamais m’avoir contraint à quoi que ce soit. Mais au fond, je n’avais plus confiance.
J’ai pris mes distances et pourtant, je savais qu’il faudrait qu’un jour nous en parlions… Je craignais juste la tournure de cette conversation, de devoir lui faire face de nouveau, craignant surtout de ne plus la voir comme celle que j’avais aimé. Mais elle a forcé les choses et je lui en suis aujourd’hui reconnaissant. Sans ça, peut-être que nous ne nous serions jamais remis ensemble…
Au fond, je suis amoureux d’elle, ça ne s’efface pas aussi facilement. Elle m’a tout raconté, je l’ai écouté et après tout cela, je ne pouvais me résoudre à la voir partir, à ne plus l’avoir dans mes bras. Je sais désormais pour le surnaturel, je suis en couple avec une originelle. Et alors ?
BEACON HILLS Après plusieurs mois passés à Mystic Falls voilà que je fais de nouveau mes bagages. Enfin plutôt mon, j’ai toujours voyagé léger. Moi qui pensait que si un jour je quittais Mystic Falls ce serait pour retourner à Chicago, ce n’était pas du tout le cas. Nous en éloignant un peu plus nous prîmes la direction de Beacon Hills. Je ne sais quelle saloperie du surnaturel y trame je ne sais quel truc tordu…
Prévoyant cette fois le coup, j’avais déjà dans l’optique d’ouvrir une boîte, me plaisant beaucoup dans ce métier et appréciant surtout qu’il m’occupe l’esprit et me permette toujours autant d’aider ceux dans la galère. Mais, bien que Beacon Hills ne soit pas à la hauteur de Chicago, je préférais quand même cette ville à Mystic Falls. Après tout, Rebekah a enfin accepté de venir vivre avec moi…